No 51, janvier 2000
lundi 1er octobre 2007
par ContrAtom

Edito

Notre quotidien préféré, Le Courrier, publiait à fin décembre une interview du Conseiller fédéral Moritz Leuenberger. A la question simple et directe « Faut-il se préparer à abandonner le nucléaire ? », le Conseiller fédéral en charge des questions énergétiques répondait qu’il « n’y aura jamais de nouvelles centrales nucléaires en Suisse » puisque dit-il « Politiquement, c’est impossible, et économiquement, c’est inintéressant ».

Magistrale leçon sur comment éluder une interrogation gênante. En effet, la question à l’ordre du jour en Suisse n’est pas de construire ou non de nouvelles centrales atomiques, mais bien de décider si oui ou non on arrête celles qui tournent aujourd’hui dans notre pays, qui perpétuent en continu le risque d’un Tchernobyl helvétique et qui produisent à longueur d’année des déchets radioactifs mortels pour des générations.

Le refus de se donner les moyens d’arrêter les centrales « réellement existantes » et la volonté de les exploiter, envers et contre tout, pour des durées projetées toujours plus longues de 50, 60, 80 ans... répond à une volonté de rentabiliser des investissements massifs et insensés, ceci dans le contexte de la libéralisation projetée du marché de l’électricité et de l’exigence des milieux économiques d’une baisse importante des coûts de l’électricité ...pour les gros consommateurs.

Cette entreprise de gériatrie nucléaire, qui entraîne des risques chaque année accrus, liés au vieillissement des installations, répond aussi à une volonté de reculer au maximum l’échéance du démontage et de la liquidation définitive des centrales existantes, opérations dont les coûts et les risques ne sont évidemment pas pris en compte aujourd’hui de manière correcte.

C’est à ce jeu que se prête un conseiller fédéral qui se présentait naguère comme un opposant au nucléaire.

Mais il y a pire. Dans le numéro de décembre du bulletin de l’Association suisse pour l’énergie atomique (ASPEA) se trouve relatée une conférence du président de l’Association suisse des entreprises d’électricité qui annonce « souscrire sans réserve » aux thèses développées par ...Moritz Leuenberger, figurant dans un document issu d’un groupe de réflexion fédéral sur l’approvisionnement électrique à long terme, dans lequel le Conseiller fédéral en question affirme entre autres que : « Pour le long terme, il convient de réserver la possibilité de recourir à de nouvelles techniques nucléaires, offrant des caractéristiques poussées de sûreté passive et inhérente ».

Duplicité surprenante ? Pas vraiment. La leçon à en tirer, c’est que les antinucléaires n’ont aucun espoir à fonder, ni à court ni à long terme, sur autre chose que sur leur propre capacité à gagner les batailles politiques qui s’annoncent : refus de la libéralisation du marché de l’électricité, initiatives fédérales antinucléaires... entre autres !

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Pierre Vanek