No 50, octobre 1999
vendredi 28 septembre 2007
par ContrAtom
  • Pierre Vanek : « French Connection et surgénérateur »
  • Philippe Gobet : « Superphénix : le début de la fin »

French connection et surgénérateur

La Compagnie française COGEMA s’est empressé de déclarer explicitiment après l’accident qu’elle n’avait aucun accord avec la JCO, compagnie exploitant l’installation dans laquelle a eu lieu l’accident. Or il s’avère que l’uranium à l’origine de l’accident de criticité de Tokaimura est bien d’origine française. Il a été enrichi à l’usine militaire française de Pierrelatte ...appartenant à la COGEMA et fermée en 1996 ! Il a été révélé en outre que l’opération qui a mal tourné visait à fabriquer du combustible pour le surgénérateur japonais JOYO (petit frère du surgénérateur accidenté de Monju, comme le surgénérateur Phénix l’était de Superphénix)

Pierre Vanek


Superphénix : le début de la fin

C’est un moment historique et tant attendu par tous ceux qui ont lutté contre ce monstre depuis 1977 : le démantèlement de Superphénix a commencé ! Même si cela va être long et difficile, cette fois ça y est, et on ne pourra plus revenir en arrière... Un tel monstre ne se démolit pas à coups de bulldozer, vous l’imaginez bien. Une équipe de techniciens ultra-spécialisés (enfin on espère, parce que c’est un travail qui n’a jamais été fait à cette échelle...) s’est mise au travail. Dix-huit mois seront nécessaires pour enlever le combustible du coeur (soit 650 assemblages de combustible extraits au rythme de 3 par jour en semaine)... Durant tout ce temps il faudra maintenir le sodium à bonne température afin d’éviter qu’il ne se fige autour du combustible. Quant à ces 5000 tonnes de sodium, elles posent le problème technique le plus pointu, (rappelons que rien n’avait été prévu pour vider le sodium, qui explose au contact de l’eau et brûle au contact de l’air...), il reste donc dix-huit mois pour trouver la meilleure solution.

Depuis plusieurs semaines, les pinces sont entrées en action pour débrancher des tuyaux. Et sur chacun d’eux est apposé un sigle : MHSD. Devinez ce que ça veut dire, et vous gagnerez un chocolat aux noisettes qu’il faudra retirer au local de ContrAtom dans la nuit du 30 au 31 novembre 1999... Vous avez trouvé ? Il s’agit de « Mise Hors Service Définitive... » C’est agréable à lire, non ? Fin septembre, la moitié des mises hors service a déjà été effectuée. Le coût total du démantèlement sera paraît-il de 16,8 milliards de FF et M. Bruno Coraça, actuel directeur, voit ça comme un « challenge à relever avec un certain nombre d’enjeux sociaux, économiques et environnementaux ». On se réjouit comme on peut, n’est-ce pas...

Philippe Gobet