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Articles par thèmes :
Déchets - Retraitement
Journal par No :
No 64, juin 2002
Auteurs :
Anne-Cécile Reimann
No 64, juin 2002
Publié le samedi 29 septembre 2007

Anne-Cécile Reimann :


Du Wellenberg à Bure :

Mobilisation contre l’enfouissement des déchets radioactifs

Dans la terrifiante aventure nucléaire, s’il est un problème épineux entre tous, c’est bien celui posé par la gestion des déchets radioactifs qui s’accumulent un peu partout dans le monde. Ces déchets monstrueux, dont personne ne veut, dont on ne sait que faire et que nous nous apprêtons à fourguer allégrement aux suivants ! Quel héritage !

Après avoir balancé impunément pendant des années leurs déchets mortels au fond des océans, voilà que les nucléocrates de tous bords viennent de franchir un nouveau pas dans l’irresponsabilité face aux générations futures en proposant une parade ô combien monstrueuse à l’insoluble problème : ils privilégient dorénavant le stockage souterrain ! Ils obéissent ainsi à un réflexe archaïque : on creuse et on cache dans les entrailles de la terre ce qu’on ne peut assumer. Quelle moralité et quel mépris à l’égard de notre environnement et surtout quelle irresponsabilité envers ceux qui nous suivront sur cette terre !

Qu’ont-ils donc dans la tête, dans le cœur et dans les tripes, ces nucléocrates et tous ceux qui les cautionnent pour oser envisager une pareille solution ?

N’ayons pas peur des mots, il s’agit bien là d’un acte criminel : oser songer à enfouir au sein de notre terre, faite pour donne la vie, des déchets radioactifs porteurs de mort, relève bien d’une pensée criminelle, irresponsable et dénuée de toute moralité. Il est clair que tôt ou tard des fuites se produiront ! Aucun conteneur, l’expérience l’a démontré il n’y a pas si longtemps avec l’affaire des wagons de transports contaminés, n’est d’une sûreté absolue ! Tôt ou tard, le poison radioactif se répandra dans la terre, atteignant les nappes phréatiques. Des régions entières seront contaminées par la radioactivité, charmantes perspectives quand on connaît les retombées terrifiantes de la catastrophe de Tchernobyl !

Voilà donc ce qui se trame en coulisse, tant au Wellenberg dans le canton de Nidwald qu’à Bure dans l’est de la France.

Chez nous

Au Wellenberg, le projet d’un dépôt pour déchets radioactifs entre dans une étape dramatiquement décisive. La demande de concession pour la construction d’une galerie de sondage a été mise à l’enquête en avril 2001. Les deux recours contre la requête du GNN (Société coopérative pour la gestion des déchets nucléaires au Wellenberg) ont été balayés par le tribunal administratif du canton. Dans ces conditions, les citoyens nidwaldiens devraient être appelés à se prononcer à l’automne 2002, probablement en septembre déjà. En cas d’acceptation du projet par le peuple, la construction de la galerie de sondage commencerait dans trois ou quatre ans.

Cela fait déjà un bout de temps que le Wellenberg est l’objet de sollicitations de la part des autorités fédérales, en particulier de Moritz Leuenberger qui tient à ce site « parce que d’après les connaissances actuelles, les exigences en matière d’entreposage et de stockage géologique durable serait remplies » !! Que penser de ces déclarations, quand on sait que le Wellenberg constitue le principal fournisseur d’eau potable pour des millions de gens. L’eau du Wellenberg s’écoule en effet jusqu’au Rhin qui alimente en eau potable non seulement la Suisse, mais également l’Allemagne et les Pays-Bas.

Qu’adviendrait-il si les sources d’eau qui prennent naissance au Wellenberg devaient être contaminées par la radioactivité ? Ce projet d’enfouissement dans un tel lieu est une aberration et nous devons tout mettre en œuvre pour nous y opposer !

Une pétition

La pétition que vous trouverez insérée dans ce journal nous est parvenue en allemand. Nous l’avons traduite avec les moyens du bord (merci Laure). Elle s’adresse aux citoyens de Nidwald, les enjoignant de tout faire pour sauver ce patrimoine inestimable que représente le Wellenberg et ses sources.

En signant et en faisant circuler cette pétition autour de vous, vous faites, vous aussi, quelque chose pour empêcher l’irréparable au Wellenberg !

A Bure, dans la Meuse, le mal est déjà plus avanc : le trou est là et les travaux progressent vers les 550 mètres de profondeur envisagés. Malgré l’avance des travaux, les opposants ne perdent pas courage, d’autant plus que des failles dans le sous-sol avoisinant ont été mises à jour et que des inondations importantes se produisent sur le chantier même, ce qui apporte de l’eau à leur moulin ! Pour la troisième année consécutive, un camp de résistance est organisé. Cette année, il se tiendra du 13 au 20 juillet devant l’entrée du chantier avec une action forte le samedi 20 juillet. Parce que Bure est un gigantesque premier chantier nucléaire d’enfouissement à contrer absolument et parce que d’autres projets similaires risquent de voir le jour en France, en Suisse ou ailleurs, nous devons absolument soutenir ce mouvement de résistance !

Anne-Cécile Reimann

Toutes les infos sur

www.burestop.org

www.multimania.com/bienprofond


Faut-il interdire le retraitement des déchets radioactifs ?

Lors de chaque manifestation contre le transport de déchets radioactifs, les mêmes questions reviennent : « Le recyclage du combustible usagé n’est-il pas écologique ? Pourquoi s’y opposer ? ». Je vois au moins sept bonnes raisons :

1. Augmentation du volume des déchets

La séparation chimique des éléments du combustible irradié génère dans les usines de retraitement de Sellafield et la Hague de grandes quantités de déchets moyennement et faiblement radioactifs. Le fait que tous ces produits ne seront pas rapatriés n’y change rien.

2. Multiplication par 10 000 des fuites radioactives des centrales

Chaque année, Sellafield libère dans la nature 30 millions de fois plus d’aérosols radioactifs, 400 000 fois plus d’effluents radioactifs et 70 000 fois plus de gaz rares radioactifs que l’ensemble des centrales nucléaires suisses.

Peut-on s’étonner dès lors qu’il y ait 14 fois plus de leucémies dans la région de Sellafield qu’ailleurs, et que la situation sanitaire aux environs de la Hague soit tout aussi problématique ?

3. Responsabilité sociale et économique

La contamination radioactive de la mer d’Irlande, de la Manche et de la mer du Nord est grave. En y faisant retraiter nos déchets radioactifs, nous sommes complices. Réclamera-t-on à nos enfants et petits-enfants des milliards de francs de dédommagements parce que notre génération a souillé ces contrées ?

4.Gestion encore plus compliquée du combustible nucléaire

Le retraitement permet d’extraire 0,9 % de plutonium afin de le réutiliser dans des surgénérateurs ou dans des centrales classiques, mélangé à de l’oxyde d’uranium (MOX). Mais la filière des surgénérateurs est en échec et le MOX pose de sérieux problèmes :

    • Son point de fusion est plus bas que celui de l’uranium enrichi, d’où risque accrû d’accident grave en cas de surchauffe.
    • Le MOX produit 6,3 fois plus de neptunium 237, dont la demi-vie est de 2,14 millions d’années, et qui est particulièrement dangereux vu sa solubilité.
    • Le MOX après utilisation est tellement « chaud » qu’il doit séjourner une centaine d’années dans un dépôt intermédiaire.

5. Risque de prolifération d’armes nucléaires

La séparation des éléments et les transports de matières radioactives accroissent les risques d’accidents et de détournements. Des organisations terroristes, ou des pays, pourraient en profiter pour se procurer les constituants de bombes atomiques.

6. Danger extrême dû à l’entreposage des nucléides

En cas d’attaque terroriste, les piscines - où le combustible usé mais toujours radioactif est stocké par milliers de tonnes pour être refroidi avant retraitement - constituent un facteur de risque considérable. Ainsi, une seule piscine touchée par l’impact d’un avion relâcherait 70 fois plus de césium 137 radioactif que Tchernobyl, provoquant à terme jusqu’à un million et demi de cancers.

7. Non-sens économique

À l’étranger, même les industriels du nucléaire reconnaissent que le retraitement coûte très cher et ne résout aucun problème. Ainsi, British Energy, le plus grand producteur d’électricité nucléaire britannique, ne fera plus retraiter les déchets provenant de ses centrales.

Le retraitement des déchets radioactifs doit cesser immédiatement !

Le retraitement ne se justifie sur aucun plan, ni industriel, ni économique, ni environnemental. La question n’est donc pas de savoir pourquoi les écologistes s’y opposent, mais pourquoi le lobby nucléaire continue à le défendre. La réponse est simple : les industriels du retraitement vendent de la tranquillité politique : tant que les déchets sont à l’étranger, ils n’inquiètent personne chez nous !

La politique de l’autruche, ça suffit ! L’arrêt immédiat du retraitement s’impose, celui de la production de déchets nucléaires aussi. Le moyen le plus sûr d’atteindre ces objectifs c’est de dire oui à l’initiative « Sortir du Nucléaire ».

Christian van Singer

Co-président du comité « Sortir du nucléaire » Master of Science in Energy Systems, député, La Croix (Lutry)

 
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