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No 64, juin 2002
Publié le vendredi 28 septembre 2007

Tchernobyl + 16 ans

Première journée d’actions décentralisées

Comment « parler » à 1 million de Romands sur un sujet tel que Tchernobyl ? En s’adressant aux médias. Mais comment faire en sorte que les médias et le public s‘intéressent à ce sujet dramatique alors que l’ambiance est au « ça me suffit » et à l’imposition par les publicitaires d’un bon « climat de consommation » ?

C’est à ce défi majeur que la campagne Sortir du nucléaire est confrontée. Un des moyens que nous avons choisi pour faire parler du nucléaire est l’organisation de journées d’action décentralisées dans plusieurs villes romandes. L’idée est de mettre sur pied une action type qui sera reprise dans le plus grand nombre de cantons possibles par les comités cantonaux. Ainsi, la presse de plusieurs sinon de tous les cantons relayera l’information, et le fait de trouver une même action reprise dans plusieurs villes rendra le sujet intéressant pour des médias couvrant la Romandie. En cas de réussite, l’opération serait régulièrement répétée en abordant différents thèmes.

Comment cela fonctionne-t-il dans la pratique ?

Dans une salle surchauffée (bonjour les économies d’énergie) du buffet de la gare de Lausanne, dont on n’ose pas ouvrir les fenêtres parce qu’elles donnent sur le vacarme des quais, le comité romand Sortir du nucléaire parle stratégie. Le sujet du soir est la prochaine journée d’actions décentralisées. Le 26 avril approchant dicte le thème de l’action : la date de commémoration de Tchernobyl, la pire catastrophe de l’ère atomique. Un orage de cerveaux (brainstorming) mène au choix de l’action : Nous allons simuler l’invasion d’abris atomiques par la population affolée par l’annonce sur la radio suisse romande d’une catastrophe à la centrale nucléaire (CN) de Mühleberg (Berne). L’objectif est de faire sentir ici ce qui se produirait les premiers instants suivant une explosion telle que celle survenue le 26 avril 1986 en Ukraine. Dans les jours suivants, les comités Sortir du nucléaire du Valais, de Vaud et de Genève se mettent à la tâche et avec l’aide du bureau de campagne préparent leur action.

Que s’est-il passé à Genève ?

Mercredi 24 avril à 10h30 derrière les 70 cm de l’enceinte en béton armé de l’abri de la Jonction, des journalistes assistent à la conférence de presse donnée par des représentants de la Coordination Energie, de ContrAtom et de Sortir du Nucléaire. Jusqu’à ce qu’un poste de radio interrompe les allocutions par la diffusion d’un communiqué (évidemment fictif) du Conseil Fédéral : en résumé, suite à une catastrophe à la CN de Mühleberg, le Conseil Fédéral enjoint la population à l’ouest de Berne de rejoindre l’abri de la protection civile le plus proche ! S’en suit une cohue indescriptible (mais je vais essayer) provoquée par quarante personnes voulant toutes êtres admises dans l’abri, désirant toutes une pilule d’iode (seul moyen connu pour protéger momentanément la glande thyroïde) et exigeant de savoir pour combien de jours, de semaines ou de mois elles devraient rester dans cet « habitacle ». Au bout d’un quart d’heure de simulation, chacun ayant épuisé le répertoire de son rôle (celui qui refusait que la porte soit fermée tant que sa femme ne le rejoindrait pas, celle qui exigeait que son chat soit admis dans l’abri, ceux qui voulaient imposer des critères racistes sur l’admission de nouveaux dans l’abri, d’autres qui hurlaient « calmez-vous »...), la conférence de presse pût reprendre jusqu’à son terme.

Ainsi en attirant les correspondants de presse par une action spectaculaire, nous créons l’occasion de faire passer dans le public des informations qui, à priori, le ferait fuir.

Après l’action, la répercussion dans les médias était presque à la hauteur de nos attentes. Nous avons eu des interviews sur les radios Couleur 3 et RSR La Première, des passages aux journaux télévisés de Léman Bleu (très bon) et de la TSR (hélas très confus et court) et des articles dans la Tribune, Le Courrier et Le Matin. Les actions-conférences de presse se déroulant à Lausanne et près de Sion ont suscité d’autres interviews radio et des articles de presse dans un grand nombre de médias, également dans les cantons de Fribourg, de Neuchâtel et du Jura, malgré l’absence d’actions dans ces cantons. Même écho au Tessin où un très bon reportage et des interviews ont été diffusés au Telegiornale.

Alors qu’attendez-vous pour vous inscrire au « Club des 100 sans nucléaire » ? Remplissez et renvoyez-nous le coupon annexé, vous serez informés et invités à nos prochaines... activités. L’avenir est notre affaire !

Philippe de Rougemont


Le Conseil Fédéral fait passer les intérêts du lobby nucléaire avant la sécurité de la population

Comment réagiriez-vous en apprenant que l’entreprise de taxis “ JEVOUSROULE ”, dont l’ex vice-président est devenu Conseiller d’Etat, et dont d’anciens employés travaillent au contrôle des automobiles, a obtenu que ses vieux taxis, malgré d’importantes fissures au châssis, puissent continuer à rouler, qui plus est avec une couverture d’assurance RC limitée à 10’000 francs ?

Fiction ! L’entreprise “ JEVOUSROULE ” n’existe pas dans notre canton.

Par contre au niveau fédéral, dans un domaine -l’énergie nucléaire- où les enjeux sont autrement plus importants, on assiste à un scénario analogue.

Il est de notoriété publique que :

· Le conseiller fédéral Leuenberger, responsable du dossier, souhaitait présenter une loi sur l’énergie nucléaire qui organise l’arrêt progressif des centrales, comme en Allemagne où leur durée d’exploitation est maintenant limitée en moyenne à 32 ans. Hélas, un autre conseiller fédéral, M. Couchepin, a su imposer un projet de loi qui fait passer les intérêts du lobby nucléaire avant la sécurité de la population. M. Couchepin est l’ancien vice-président du Conseil d’administration d’ELECTROWATT…

· Le personnel de l’organe de contrôle des centrales nucléaires est constitué de pronucléaires convaincus, souvent anciens employés des centrales. Même l’Agence internationale de l’énergie atomique a dénoncé les dysfonctionnements du contrôle.

Ainsi le projet de loi sur l’énergie nucléaire, bientôt discuté par les Chambres :

· Ne fixe pas de limite à la durée d’exploitation des centrales. Et pourtant, les cœurs des réacteurs se fissurent de façon inquiétante : l’acier vieillit mal sous l’effet de la radioactivité, comme le papier craquelle sous l’effet de la lumière…

· Ne contraint les exploitants à améliorer la sûreté de l’installation en fonction des progrès techniques que si le coût est “ acceptable ” ! (art. 4 al. 2b) (art. 22, al. 2f)

· Ne prévoit d’assurer les centrales que pour un montant ridiculement bas : un milliard de francs, alors qu’un accident pourrait provoquer, selon la Protection civile, des dommages dépassant les 4000 milliards de francs. (art 20, al g)

· Admet que la responsabilité des exploitants en matière de déchets s’éteint lorsque les déchets sont placés dans un dépôt en profondeur et que sa fermeture a été préparée et financée : aux générations futures de gérer les problèmes d’ores et déjà prévisibles ! (art 31, al.2)

· Continue à prévoir le relâchement régulier de substances radioactives dans l’environnement. (art. 21, al. c)

· Limite, en outre, le pouvoir des cantons en matière d’opposition aux projets concernant le nucléaire. (art 48, al.3)

Mais c’est en matière de manipulation de rapports d’experts que la réalité dépasse la fiction. Le Conseil fédéral s’est bien gardé de faire étudier le coût à long terme de la gestion des déchets nucléaires ou de faire examiner par des experts neutres et indépendants les problèmes de sécurité posés par nos centrales vieillissantes. La question est pourtant simple : est-il possible d’exploiter pendant 60 ans des centrales conçues pour durer 30, sans faire courir des risques démesurés à la population ?

Nos autorités, pour justifier leurs choix pronucléaires, ont commandé des rapports étudiant essentiellement les conséquences énergétiques et économiques qu’entraînerait l’acceptation par le peuple des initiatives Sortir du nucléaire et Moratoire - Plus, le scénario de référence étant que le nucléaire continue à bénéficier de l’actuel traitement de complaisance. Mais les experts ont démontré que “ Les coûts des risques d’accident nucléaire, actuellement non assurés, sont déterminants pour se prononcer sur l’initiative Sortir du nucléaire. Si l’on prend en considération un accident avec des dégâts d’au moins 200 milliards de francs, et une modeste probabilité de 1 à 10 millionièmes, alors une sortie rapide du nucléaire se justifie… ”

Aucune trace de ce type d’affirmation dans les documents remis à la presse et aux députés !

On est en droit d’attendre de la part du Conseil fédéral, honnêteté et objectivité dans l’examen d’un dossier si brûlant ! Il en va de notre vie.

Christian van Singer, physicien, coprésident de Sortir du Nucléaire

sites où l’on trouve les rapports :

www.uvek.admin.ch/doku/presse/2001/...

www.prognos.com (Scénarii pour les initiatives « Sortir du nucléaire » et « Moratoire-Plus »)

www.ecoplan.ch (Retombées économiques des initiatives « Sortir du nucléaire » et « Moratoire-Plus » : AtomausstiegCH_ECOPLAN_hb.pdf)

 
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