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Articles par thèmes :
Uranium appauvri
Journal par No :
No 59, juin 2001
Auteurs :
Philippe Gobet
No 59, juin 2001
Publié le dimanche 30 septembre 2007

L’uranium appauvri : bientôt dans vos casseroles ?

En ce début 2001, le problème de l’Uranium Appauvri apparaît enfin au grand jour. Cela fait plusieurs années que Contratom en parle, en particulier depuis le livre du père Jean-Marie Benjamin « Irak, l’apocalypse » et les études de la CriiRad sur l’intégration de déchets nucléaires dans des biens de consommation courante.1

Il faut savoir que l’Uranium Appauvri n’est pas du tout un élément naturel, mais un sous-produit de l’industrie nucléaire, sous-produit qui n’est « appauvri » que de 23% par rapport à l’uranium à l’état naturel… Pour les détails techniques, de nombreux articles parus dans la presse, ainsi que des livres sur le sujet apportent toutes sortes de précisions, impossible à résumer ici. Rappelons tout de même que cet élément présenté comme peu toxique par les nucléocrates, est un métal lourd (imaginez du mercure ou du plomb dans vos poumons…) dont la toxicité est reconnue et dont la radioactivité, soi-disant faible- n’est qu’un « plus », si j’ose dire… La CRII-RAD nous démontre que pour qu’une personne ayant ingéré de l’U.A. reçoive la dose maximum tolérable sur un an, il suffit de 0,01 gramme pour un adulte, 0,008 gramme pour un enfant de 10 ans et seulement 0,003 gramme pour un nourrisson… Sans commentaire.

Des débouchés qui rapportent…

L’industrie nucléaire a tout intérêt à trouver des débouchés pour l’U.A. puisque l’enrichissement de l’uranium naturel n’aboutit qu’à 14% d’Uranium Enrichi, utilisable en centrale atomique, et à 86% d’U.A. ! Les quantités d’UA obtenues sont donc gigantesques. Par exemple, les stocks français dépassent 250 000 tonnes... Il ne faut dès lors pas s’étonner que, parmi les nucléocrates américains ou français, s’élèvent des voix pour demander la valorisation de ce déchet par son intégration dans des biens de consommation... ou dans des armements ce qui est d’autant plus pratique qu’ainsi, c’est des tonnes d’uranium qui finissent dans les territoires bombardés... Voilà une manière particulièrement pratique et cynique pour exporter des déchets nucléaires tout en luttant contre des dictateurs...

De l’uranium vole au-dessus de vous…

L’uranium appauvri passe également au-dessus de vos têtes puisqu’on l’utilise pour l’équilibrage dans les ailes d’avion (DC-10 ou Boeing 747 par exemple). Tant que l’avion vole, rien de grave, mais quand il s’écrase, ce qui s’est déjà produit par exemple pour l’avion d’El Al le 4/10/1992 près d’Amsterdam), l’uranium est pulvérisé, puis les habitants du coin et les sauveteurs se mettent à souffrir eux aussi du « syndrome des Balkans »...Air-France par exemple posséderait 7 tonnes d’U.A. dont 60% passent chaque jour au-dessus de nos têtes...

Et dans vos poteries ?

Puis dans votre isolation !

De l’U.A. a également été « valorisé » (encore un terme cynique !) par exemple dans des émaux pour poterie, même si actuellement c’est interdit. Jusqu’à quand ? Citons encore les silicates radioactifs rajoutés dans des laines de verre. 2 Les industriels ont trouvé l’argument suivant : « Ce n’est pas plus dangereux que des laines de roche (granitique) qui sont naturellement radioactives »... Etrange argument, comme si l’on disait : « Attrapons le choléra, ce n’est pas pire que la peste ! ». Finalement, cette attitude n’est pas très différente de celle qui a fait qu’on a donné des farines animales aux vaches... Faire du fric avec des déchets…Cela consiste surtout à cumuler des pollutions, qui même si elles sont faibles à la base, pourront avoir des conséquences graves. Et dans le cas de l’U.A. ces pollutions ne sont pas faibles…

Et dans nos casseroles ?

Pourquoi ce titre « de l’UA dans nos casseroles » ? Eh bien parce qu’avec d’autres déchets nucléaires, c’est déjà le cas. Selon certains témoignages, on a pu suivre des déchets métalliques provenant du démantèlement d’éléments nucléaires (et le CERN serait concerné) partir vers des centres spécialisés français, disposant d’un portique de détection de produits radioactifs. Mais là, sans contrôle la marchandise était aussitôt ré-embarquée vers l’Italie, et à partir de là, au boulot les ferrailleurs ! Que sont devenus ces métaux radioactifs ? Des casseroles ? Des vélos ? Des robinets ? Qui peut savoir ? Quant à l’UA, si un jour votre casserole est en UA, nul doute qu’elle sera très solide ! Ce métal est vraiment admirable…

Une anecdote datant d’avant la polémique sur l’UA : il paraît qu’en radiologie à l’hôpital, pour l’étalonnage de certains appareils, si je ne m’abuse, on a besoin de fer pas ou presque pas radioactif. On doit alors récupérer de vieux rails de chemins de fer, car tous les autres fers sur le marché sont « souillés »…

La mort de dizaines de soldats européens n’est que la pointe de l’iceberg…

Deux ans après les bombardements , nous ne sommes malheureusement qu’au tout début des problèmes de santé publique qui vont surgir ces prochaines années... Il suffit de s’intéresser à ce qui se passe actuellement dans les hôpitaux et les maternités irakiennes pour prévoir ce qui va se passer au Kosovo... Et là, cela fait frémir : leucémies, pourcentage effarant d’enfants malformés, etc…3

Enfin, si l’UA était sans danger, pourquoi les Koweitiens auraient-il dépensé des millions de dollars pour décontaminer leur territoire ? Et pourquoi les soldats américains auraient-ils reçu des consignes strictes de prudence au Kosovo par rapport aux munitions et aux sites bombardés ?

Philippe Gobet

1 Fiche d’info CRII-RAD n.5 mars 1999

2 Fiche d’info CRII-RAD n.6 janvier 2001

3 Lire « Irak, l’apocalypse » du Père Jean-Marie Benjamin

 
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