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D’Hiroshima à Bagdad
Publié le dimanche 30 septembre 2007

Joëlle Pénochet - 4 Septembre 2005

D’Hiroshima à Bagdad

« La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes de l’homme. » Albert Camus, au lendemain d’Hiroshima, Combat , 8 août 1945

Le soixantième anniversaire des bombardements d’Hiroshima et Nagasaki a été commémoré aux Etats-Unis dans la plus grande discrétion ; en France, rares sont les medias qui ont osé remettre en question la version officielle de cet événement qui a fait basculer le monde dans une ère de barbarie sans équivalent dans l’histoire de l’humanité. En 1991, juste après la fin de la guerre froide qui maintenait « l’équilibre de la terreur », a commencé une nouvelle guerre nucléaire, silencieuse, qui se poursuit avec la complicité de l’ensemble de la « communauté internationale ». Cette guerre nucléaire, menée contre des pays désarmés pour servir les ambitions géopolitiques des Etats-Unis, utilise en effet des quantités de plus en plus grandes d’uranium dit « appauvri », un déchet nucléaire hautement toxique. Ce produit empoisonne l’environnement pour plusieurs milliards d’années et provoque chez les populations touchées une multiplication des cancers, des leucémies, de malformations congénitales monstrueuses et, conséquence la plus grave et irréversible, la modification du patrimoine génétique. Comme les pollutions consécutives aux essais nucléaires aériens et à la catastrophe de Tchernobyl, la pollution à l’uranium « appauvri » ne connaît pas de frontière et aujourd’hui les populations de l’hémisphère nord respirent les particules d’oxyde d’uranium dispersées depuis 1991, en Irak, en ex-Yougoslavie et en Afghanistan.

Hiroshima : une « révolution scientifique »

« A Hiroshima, trente jours après la première bombe atomique qui détruisit la ville et fit trembler le monde, des gens, qui n’avaient pas été atteints pendant le cataclysme, sont encore aujourd’hui en train de mourir, mystérieusement, horriblement, d’un mal inconnu pour lequel je n’ai pas d’autre nom que celui de peste atomique [ ... ]. Sans raison apparente, leur santé vacille. Ils perdent l’appétit. Leur cheveux tombent. Des taches bleuâtres apparaissent sur leur corps. Et puis ils se mettent à saigner, des oreilles, du nez, de la bouche. » ( Wilfred Burchett, premier journaliste à être entré à Hiroshima, Dally Express du 5 septembre 1945) Le quotidien « Le Monde » du 8 août 1945 annonça la destruction totale et instantanée d’Hiroshima comme une « révolution scientifique ». L’anéantissement des deux villes japonaises et la « vaporisation » de leurs habitants (100.000 personnes à Hiroshima, et 50.000 à Nagasaki) a longtemps été présenté comme un « mal nécessaire » pour arrêter la 2 e guerre mondiale. Aujourd’hui, même certains médias de la presse « industrielle » comme « Le Nouvel Observateur » reconnaissent que ces crimes contre l’Humanité, ont été perpétrés inutilement, sinon pour le grand profit des Etats-Unis dont le véritable objectif était de neutraliser l’Union Soviétique (qui avait promis aux USA d’entrer en guerre contre le Japon le 15 août) et de déclencher la « Guerre Froide ». En effet, le président Truman avait été informé par ses services de renseignements que la reddition du Japon n’était qu’une question de jours. En outre, les deux bombardements ont permis de tester en grandeur nature les différentes bombes nucléaires - à l’uranium et au plutonium - et de démontrer au monde entier la toute puissance des Etats-Unis. Les souffrances indicibles des victimes différées (des dizaines de milliers de Japonais moururent à petit feu, alors que près de 300.000 personnes continuent aujourd’hui de subir les séquelles de leur irradiation), à la fois physiques et psychologiques, furent négligées. La mémoire de cet horrible tragédie est peu entretenue par les autorités japonaises, et les « Ibakusha » », les victimes irradiées, sont toujours considérés comme des parias au sein de leur société. En 1950, le nombre de morts à Hiroshima avait doublé (200.000), et celui de Nagasaki avait presque triplé (140.000). Les bombardements de Dresde les 13 et 14 février 1945 (135.000 morts) ou de Tokyo, réduite en cendres en trois heures sous les bombes incendiaires américaines le 10 mars (entre 80.000 et 100.000 morts), n’avaient pas non plus de justification militaire, mais elles n’eurent pas de répercussions post-conflit. Cela fait toute la différence avec armes nucléaires inaugurées le 6 août 1945, dont les effets continuent de tuer bien après la fin des conflits.

Uranium appauvri : la nouvelle guerre nucléaire

« … les Etats-Unis et leurs partenaires militaires ont mis en place quatre guerre nucléaires utilisant des bombes et des armes sales dans les pays qu’ils ont besoin de contrôler. Sous forme d’aérosols, l’uranium appauvri contaminera en permanence de vastes régions et détruira doucement le futur génétique des populations vivant dans ces régions où ils trouvent des ressources que les US doivent contrôler pour établi et maintenir leur primauté. » (Leuren Moret, experte des radiations, juillet 2004) Depuis les essais en grandeur nature d’armes à uranium appauvri dans le Golfe (1991), l’utilisation d’un nouveau type d’armes nucléaires s’est banalisée dans l’indifférence générale. Chaque nouvelle guerre « humanitaire » (Bosnie, Kosovo, Afghanistan...) a été l’occasion de tester de nouvelles armes à l’uranium appauvri (UA) à des puissances de plus en plus grandes. La nouvelle guerre d’agression lancée contre Irak par la coalition anglo-américaine en 2003 avec la complicité de la « communauté internationale », y compris la France, au cours de laquelle des quantités sans précédent de munitions à l’uranium appauvri sont utilisées, est une véritable guerre nucléaire qui ne dit pas son nom. On est là devant un crime contre l’humanité qui se déroule silencieusement, et à une échelle jamais connue à ce jour.

Un déchet nucléaire hautement toxique recyclé comme munition classique

« Le terme d’uranium « appauvri » est inapproprié, car il ne correspond pas à la réalité : il laisse penser que la radioactivité est enlevée, ce qui est faux. Je préfère parler d’armes « enrichies à l’uranium » (Reza Fiyuzat, linguiste résidant au Japon, entretien par mél du 30 août 2005) L’uranium appauvri (UA) est un déchet radioactif issu de l’enrichissement de l’uranium destiné aux réacteurs nucléaires civils et militaires (Dans les bombes, on utilise de l’uranium enrichi à 95 % en U 235 ). Il contient principalement environ 99,75% d’U 238 et 0,2% d’U 235 . On l’appelle « appauvri » parce que son activité est inférieure à celle de l’uranium naturel, ce qui ne signifie nullement qu’il est moins dangereux. En effet, l’uranium dit « naturel » est présent dans l’environnement à raison de 1 à 3 ppm, alors que le minerai est mille fois plus concentré. (L’uranium est dit « naturel » quand il ne contient que des isotopes qui existent dans la nature, 14 au total, tous radioactifs, dont l’U 238 , l’U 235 et l’U 234) . Seul l’uranium 235, qui ne représente que 0,72% de l’uranium naturel (ce chiffre variant selon les régions du monde), est fissile. L’UA est doublement toxique : chimiquement, il provoque un empoisonnement comme les autres métaux lourds (plomb, arsenic…). Mais il est surtout fortement radiotoxique. En outre, au lieu de diminuer, l’activité de l’UA s’accroît au fil du temps, en raison de la formation rapide de sous-produits lors de sa désintégration. S’il n’émet surtout des rayons alpha (peu pénétrants, mais très irradiants) quand il est pur, ses deux descendants, qui apparaissent au bout de quelques mois, le thorium (TH 234 ) et le protactinium (PA 234 ) sont des émetteurs à vie courte (leurs périodes respectives sont de 24 jours et 1,4 mn), bêta et gamma, donc, très pénétrants. L’UA utilisé dans l’armement est d’autant plus dangereux qu’il est mélangé à de l’uranium issu des usines de retraitement pollué par des produits de fission hautement radioactifs, comme le plutonium (PU 238 et PU 239 ), l’uranium 236 (U 236 ), le neptunium, l’américium, le technétium 99 ou le ruthénium 106 , qui potentialisent sa nocivité. Ainsi, l’activité de l’UA reste quatre mille fois supérieure au seuil réglementaire qui impose l’application des règles de radioprotection. En raison de ses propriétés pyrophoriques (il s’enflamme spontanément au contact de l’air) et de sa très grande densité (1,7 fois supérieure à celle du plomb), c’est le métal idéal pour fabriquer des obus miniaturisés de grande portée, d’une grande vélocité (jusqu’à mach 5) capables de transpercer en quelques secondes des véhicules blindés ou de traverser des dizaines de mètres de béton pour détruire des bunkers souterrains sur plusieurs mètres. « Ainsi, un projectile en uranium appauvri comporte deux « avantages » militaires importants, c’est-à-dire d’être à la fois perforant et incendiaire. C’est l’arme antichar idéale puisqu’elle perfore les blindages de chars les plus résistants, provoque un violent incendie entraînant l’explosion des munitions contenues dans le char et ainsi, sa destruction complète. » (Bruno Barrillot, 2000). Quasiment gratuit en raison de son abondance, il permet, allié à une très faible quantité de titane, de remplacer le tungstène, coûteux et peu fusible. La résistance des chars est elle-même renforcée par l’incorporation d’UA dans les blindages. L’UA est alors recouvert d’un produit qui limite les rayonnements alpha. Les armes à l’UA sont tirées par l’armée de terre (chars Abrams, char Leclerc), de l’air (par les avions A10, peu coûteux, conçus en 1976, surnommés les « tueurs de chars »), les missiles Tomahawk, Phalanx, les hélicoptères Apaches et la marine. Albert Speer, le ministre de la guerre sous Hitler, avait envisagé d’utiliser de l’uranium dans les obus dès 1943 pour remplacer le tungstène qu’il ne pouvait plus importer du Portugal. Parallèlement, des responsables du projet Manhattan avaient eu également l’idée d’utiliser l’uranium, mais leur but était moins de fabriquer des obus plus efficaces que de faire le plus de mal possible aux populations ennemies : dès 1943 ils avaient recommandé l’usage de gaz radioactifs : « Utilisé comme gaz de guerre, le matériau sera pulvérisé en particules de taille microscopique pour former de la poussière et de la fumée et mis à feu au sol par des lance-projectiles, des véhicules de terrain, ou des bombes aériennes. Sous cette forme, il serait inhalé par le personnel. La quantité « nécessaire pour causer la mort de la personne est extrêmement petite… Il n’y a pas de méthodes de traitement connues à de telles blessures… cela traversera un filtre de masque à gaz standard en quantités assez grandes pour être extrêmement dommageables . » (cités par Leuren Moret, juillet 2004). Leur rêve a été réalisé cinquante ans plus tard : l’oxyde d’uranium, utilisé à la manière d’un gaz, est devenu une arme de destruction massive qui « joue un rôle vital dans la réalisation du plan de domination du monde par les Etats-Unis » (Bob Nichols, 2005).

Le mythe de la « guerre propre »

« Les dangers de l’uranium pour la santé ont été étudiés de manière extensive. L’exposition des soldats à des aérosols d’uranium appauvri pourrait être significative et avoir des effets radiologiques et toxiques. Ces impacts pourraient être impossible à quantifier de manière fiable. » (Rapport de l’OTAN, 1991) Les nouvelles armes à l’UA permettent aussi d’entretenir le mythe de la « guerre propre » fabriqué dans les officines de propagande (« think-tank ») américaines : le recours à une ogive à UA ne déclenche pas le spectaculaire champignon qui symbolise la bombe atomique « classique », tout en provoquant au moins autant de dégâts. Après les essais des années soixante-dix à Los Alamos (Etats-Unis), les armes à l’UA ont été testées en grandeur nature en Irak en 1991, en Bosnie en 1994-95, en 1999 au Kosovo et en Serbie, en Afghanistan en 2001 et de nouveau en Iraq depuis 2003. Alors que les obus antichars utilisés dans la « Guerre du Golfe » ne dépassaient pas 5 kilogrammes, les charges contenues dans les bombes téléguidées déversées sur l’Afghanistan contenaient jusqu’à une tonne et demi d’UA. Chaque guerre permet ainsi une amplification et une prolongation des tests effectués au cours des guerres précédentes. Enfin, en l’absence de toute réaction de la « communauté internationale », l’UA est utilisé de façon beaucoup plus massive encore en Irak depuis son invasion par l’alliance anglo-américaine en 2003. Après la fin officielle de la « guerre du Golfe » (1991), l’armée américaine a tiré près d’un million d’obus à l’UA en trois jours sur les milliers de réfugiés et de soldats irakiens battant en retraite (en violation de l’article 3 de la convention de Genève) sur la route de Bassora. Parmi les nombreux témoins, Carole Picou, qui faisait partie du service américain de santé des armées et reconnue aujourd’hui invalide à 100%, a rapporté avoir vu avec horreur tout au long de cette « autoroute de la mort » des corps totalement calcinés « qui avaient littéralement fondu, presque comme des scories. » (citée par Benjamin, p.121). Depuis l’invasion de l’Irak en 2003, ces scènes sont devenues banales, à Fallujah comme dans tout l’Irak. Il y a près d’un siècle, les Irakiens avaient déjà été victimes des armes de destruction massive des Britanniques, qui les avaient gazés à plusieurs reprises, en 1912 et 1925. Winston Churchill avait déclaré être « fortement favorable à l’utilisation de gaz empoisonné contre les tribus non-civilisées. L’effet moral devrait être bon… et il répandrait une vive terreur . » (cité par Moret, août 2004). Une pollution radiologique planétaire Alors que la toxicité chimique de l’UA est peu contestée par les instances officielles, sa toxicité radiologique est systématiquement niée. Pourtant, dès 1974, un groupe d’études du ministère américain à la défense mettait en garde contre cette double toxicité. Lors de l’impact sur sa cible, l’UA s’enflamme au contact de l’oxygène, provoquant une chaleur extrême (jusqu’à 5.000° C) qui provoque la « vaporisation » de 10 à 100% de l’uranium selon le type de projectile. Ainsi, un obus tiré par un char Abram produit entre 1.000 et 3.000 grammes de cette poussière. Selon les travaux de Leonard Dietz, une seule particule de 5 microns engendre une dose de 1.360 rem, soit plus de trois cents fois la dose autorisée en un an pour les travailleurs de l’industrie nucléaire. Des micro et nanoparticules insolubles formées d’oxyde d’uranium et d’un cocktail d’autres radionucléides se répandent alors dans l’atmosphère. Déposées sur le sol, elles sont facilement remises en suspension. Propagées par les vents et la pluie sur des dizaines, voire des centaines de kilomètres, elles contaminent les sols, les eaux de surface et les nappes phréatiques, la végétation, les animaux (atteints des mêmes maladies que les humains), et finalement toute la chaîne alimentaire. Dans le Golfe, la contamination est d’autant plus importante que les bombardements n’ont jamais cessé en Irak : opération « Renard du Désert de William Clinton en décembre 1998, attaques permanentes dans les zones exclusion aérienne (imposées illégalement par les Etats-Unis, La Grande-Bretagne et la France). En outre, l’embargo criminel décrété par les Nations Unies en 1990 a empêché toute mesure de décontamination ou de prévention, et que d’énormes quantités de microparticules radioactives migrent au gré des vents sur d’immenses étendues depuis près de quinze ans. Les débris de munitions enterrées dans le sol contribuent aussi à contaminer la nappe phréatique ainsi que les deux grands fleuves du pays, le Tigre et l’Euphrate, et ainsi décupler, voire centupler le taux d’UA dans l’eau potable. Les pays voisins des régions bombardées ne sont naturellement pas épargnés par les retombées radioactives qui ont déjà contaminé l’air, l’eau et les ressources alimentaires des pays agressés. La contamination consécutive aux guerres nucléaires contre l’Irak, l’ex-Yougoslavie et l’Afghanistan a déjà atteint la Grèce, Israël, l’Arabie Saoudite, le Pakistan, la Syrie, le Liban, l’Albanie, la Macédoine, la Palestine, la Turquie, l’Iran, le Pakistan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, la Russie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la Chine et l’Inde. Aujourd’hui, on estime que la pollution radioactive due à l’uranium appauvri est en train de s’étendre à tout l’hémisphère Nord et qu’elle pourrait atteindre bientôt l’ensemble de la planète, comme le nuage de Tchernobyl (Moret, 2005).

Les trois voies de contamination

« L’uranium appauvri devient néfaste quand il se transforme en poussière ingérée ou inhalée, il est alors plus dangereux qu’aucune toxine connue de la science des hommes. » (PR A. Durakovic, Directeur du département de Médecine nucléaire à l’Université Georgetown de New York et expert auprès du Pentagone). La contamination interne peut survenir de trois manières : l’inhalation, l’ingestion de boissons et d’aliments contaminés, et par lésions cutanées (l’UA passe dans la circulation sanguine). L’inhalation est la plus dangereuse (d’un facteur 10 à 200). La chimiotoxicité concerne en premier lieu le rein (et secondairement le foie), et la radiotoxicité touche surtout les poumons. Plus de 75% des particules ne sont pas arrêtées au niveau de l’appareil respiratoire supérieur et se fixent dans les alvéoles pulmonaires d’où elles irradient pendant des années. La moitié de la fraction solubilisée qui a été transférée au sang est éliminée par les urines, et l’autre moitié est répartie dans les reins et le squelette avec un temps de fixation très lent. L’UA attaque aussi le cerveau, les organes reproducteurs, la thyroïde, les muscles, les ganglions lymphatiques et le système neurologique. Sa dangerosité dépend de sa nature physique et chimique, de l’intensité et de la durée d’exposition, et des sujets contaminés. Ainsi, les enfants représentent la population la plus vulnérable aux effets de la radioactivité, parce qu’ils la concentrent trois ou quatre fois plus que les adultes en raison de leur moindre poids et de l’activité de leur processus métabolique. Rappelons ici que les instances internationales de radioprotection (CIPR) ont été obligées d’admettre officiellement que, si le risque augmente en fonction de la dose reçue, il n’existe pas de seuil d’innocuité. Dès avant la nouvelle invasion de l’Irak de 2003, une étude sur les effets de l’UA à long terme entreprise dans six zones du sud de l’Irak à l’aide d’un spectromètre gamma avait montré que le tiers des échantillons de végétaux collectés présentaient un taux de radioactivité trois fois supérieur au taux habituel. Dans ces zones, près de 900.000 tonnes des plantes sauvages comestibles et près du tiers des animaux étaient contaminés. La dose de radioactivité délivrée aux enfants de moins de 15 ans à travers l’inhalation, l’ingestion de viande et de lait, et l’exposition, mesurée sur cinq ans (1991-1996) représentait 70% de la dose totale reçue par l’ensemble de la population étudiée. Le PR Siegwart-Horst Günther, épidémiologiste autrichien, a mis en évidence un collapsus du système immunitaire avec des symptômes analogues à ceux du SIDA, une forte proportion d’infections, d’herpès et de zonas, des dysfonctionnements rénaux, des leucémies, des avortements spontanés et des malformations congénitales. La leucémie est provoquée par l’irradiation des cellules-souches du sang par les particules alpha fixées sur la moelle osseuse et certains tissus lymphatiques.

Des malformations congénitales monstrueuses et une atteinte au génome

« S’ils nous avaient tués une fois, cela serait moins grave… mais… ils vont continuer de nous tuer pendant des générations » (un Afghan cité par le Dr Mohamed Miraki, Perpetual Death from America) La fixation de l‘UA sur le placenta des femmes enceintes contrarie le processus de formation de l’embryon par division cellulaire, provoquant chez les nouveau-nés d’horribles malformations congénitales jamais rencontrées ou extrêmement rares. Ainsi, de nombreux enfants naissent hydrocéphales ou sans tête, sans membres (comme les victimes de la Thalidomide dans les années 50), avec des organes manquants (sans yeux, sans nez, sans oreilles, sans cerveau, sans anus...), aveugles, avec de graves anomalies du cœur (absence d’oreillettes ou de valvules) ou des poumons, ou avec des organes à l’extérieur du corps (cerveau, intestins, estomac…). Chez les bébés irakiens nés en 2002, l’incidence d’anophtalmie (absence d’yeux) a été 250.000 fois plus grande que l’occurrence moyenne. On retrouve les mêmes malformations chez les enfants des vétérans des guerres du Golfe et des Balkans de toutes nationalités. Lorsqu’une femme irakienne vient d’accoucher, ses premières paroles ne sont pas : « c’est une fille ou un garçon ? », mais « mon bébé est-il normal ? ». En outre, les anomalies génétiques s’aggravant généralement d’une génération à l’autre, il faudra plusieurs décennies avant de pouvoir mesurer l’atteinte du génome. La prise de conscience de la condamnation des prochaines générations engendre le désespoir des populations touchées : « Après que les Américains eurent détruit notre village et tué nombre d’entre nous, nous avons aussi perdu nos maisons et n’avons rien à manger. Mais nous aurions supporté ces misères, nous les aurions même acceptées, si les Américains ne nous avaient pas tous condamnés à mort. Quand j’ai vu mon petit-fils malformé, j’ai réalisé que mes espoirs en l’avenir avaient disparu pour de bon , pire que le désespoir né de la barbarie russe, même si, à cette époque, j’ai perdu mon fils aîné, Shafiqullah. Mais, cette fois, je sais que nous faisons partie du génocide invisible que nous ont infligé les Américains, une mort silencieuse à laquelle – je le sais – nous n’échapperons pas . » ( Jooma Khan, Afghanistan, mars 2003, cité par Mohamed Miraki, Le génocide silencieux venu d’Amérique. C’est nous qui soulignons). Des malformations similaires continuent d’apparaître depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986, celles de Bhopal en Inde (1984) et l’utilisation de l’Agent Orange au VietNam de 1966 à 1975. Le site de Bhopal n’a jamais été décontaminé de sa dioxine par le fabriquant de pesticides Union Carbide (aujourd’hui Dow Chemical). L’Agent Orange (fabriqué par Montsanto, aujourd’hui l’un des principaux fabriquant d’OGM) répandu au VietNam, une arme de destruction massive qui avait fait des milliers de victimes parmi les soldats US, continue de faire des ravages au VietNam trente ans après la fin du conflit. Mais les effets de l’uranium appauvri sont encore beaucoup plus graves et plus durables que ceux de l’Agent Orange. Il faut également prendre en compte l’ensemble des facteurs qui se combinent aux effets de l’UA pour provoquer des maladies graves : fumées toxiques libérées lors des bombardements de réacteurs, de centres d’études nucléaires (à Belgrade et en Irak), de complexes chimiques ou pétrochimiques (comme celui de Pancevo en ex-Yougoslavie), des puits de pétrole incendiés… S’y ajoutent la malnutrition et les désastreuses conditions sanitaires des pays agressés, les stations d’épuration des eaux et les centrales électriques étant systématiquement détruites par les agresseurs, tout comme les hôpitaux. Les vétérans de la « Guerre du Golfe » subissent également les conséquences des différents vaccins et médicaments que les autorités militaires ont testés sur eux. Les populations victimes des bombardements sont de fait condamnées à vivre durant toute leur vie dans une véritable décharge radioactive La différence entre les vétérans des armées des pays agresseurs et les victimes civiles des pays agressés réside dans le fait que les troupes étrangères ont séjourné peu de temps dans les zones contaminées, alors que les populations victimes des bombardements sont généralement condamnées à vivre durant toute leur vie dans un environnement qui deviendra inexorablement de plus en plus radioactif. En outre, les anciens combattants ont pu se constituer en associations pour tenter d’obtenir « réparation » dans leur pays, où ils peuvent se faire soigner, alors que les populations locales, parfois encore ignorantes des causes du mal qui les ronge, sont trop démunies pour se faire traiter, voire pour simplement soulager leurs douleurs. Les hôpitaux irakiens, quand ils n’ont pas été la cible des bombardements de l’alliance anglo-américaine, n’ont ni la capacité ni les moyens médicaux d’accueillir et de soigner toutes les victimes. Avant 1990, l’Irak avait les hôpitaux les plus modernes de la région et des médecins de très haut niveau (dont beaucoup ont été mystérieusement assassinés depuis 2003, comme de nombreux scientifiques et journalistes).

Le pire est à venir pour tout le monde

« Depleted uranium is a warcrime in progress » (PR Doug Rokke) A la suite de la guerre de 1991, L’AIEA avait prévu un excès d’un demi million de morts en Iraq. La contamination de l’environnement et des populations locales va continuer de s’amplifier. Avant 2003, certaines régions du sud de l’Irak (dont certaines zones horticoles et de cultures irriguées, rares dans ce pays aride) connaissaient déjà une augmentation de 700% des taux de cancer, de 400% du taux de malformations congénitales, et de 350% par an de cas de leucémies, de déficiences immunitaires, de cataractes et de dysfonctionnements rénaux. Les cas d’avortements spontanés et de mongolisme se multiplient, même chez des enfants nés de mère de moins de 25 ans. Pour chaque cas de cancer des tissus comme la leucémie, cinq cas de cancer solide devraient apparaître dans les 10 à 30 prochaines années. Dans un rapport inédit, l’Agence Internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait prévu un excès de 500.000 en morts en Irak, où plus d’un million de projectiles à l’uranium appauvri ont été tirés en 1991, soit entre 350 (chiffre du Pentagone) et 800 tonnes d’UA (selon la fondation Laka d’Amsterdam). Plus de dix tonnes d’UA ont été utilisées dans les Balkans, dont la plus grande partie au Kosovo, où un biologiste anglais a prévu dix mille morts supplémentaires au cours des prochaines années. Une étude a fait apparaître des taux de radioactivité « des centaines de fois plus élevés que la norme » dans le sud-est de la Serbie. Selon une estimation du journaliste d’investigation Robert J. Parsons (2002), c’est trois mille tonnes d’uranium qui auraient été utilisées en Afghanistan. Depuis mars 2003, ce sont des milliers, voire des dizaines de milliers de tonnes de ce produit mortifère qui sont répandues sur l’Irak par les forces occupantes. La quantité de radioactivité lâchée sur l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan et l’Irak correspondrait à quatre cent mille fois celle d’Hiroshima – dont plus de deux cent cinquante mille fois sur la seule Irak à ce jour (Nichols, 2004). La totalité de cette pollution radioactive est dix fois plus importante que celle qui a été provoquée aux essais nucléaires aériens depuis les années quarante. Au vu des conséquences de la première invasion de l’Irak en 1991, et compte-tenu du fait que cette fois l’ensemble du pays a été touché par des bombardements à l’UA, en particulier les villes les plus peuplées, et que la quantité d’UA a été massive, peut-on prévoir combien d’Irakiens seront victimes de la guerre d’agression lancée en 2003 par l’alliance anglo-américaine, et qui n’est pas près de s’arrêter ? Le génocide du peuple Irakien, la destruction irréversible de son environnement, de sa culture et du berceau de la civilisation, commencé avec l’embargo en 1990, s’accélère dans l’indifférence générale, en raison du black-out quasi total des medias « incorporés » sur le sujet. Une aubaine pour l’industrie nucléaire : transformer les pays agressés en poubelles radioactives gratuites L’usage militaire de l’UA est un débouché idéal pour l’industrie nucléaire qui en produit chaque année 50.000 tonnes ; les stocks mondiaux actuels sont estimés à plus d’un million et demi de tonnes, dont 700.000 aux Etats-Unis. Les pays nucléarisés se débarrassent ainsi à bon compte de déchets dont le stockage est très coûteux, en faisant des pays attaqués de véritables « déchetteries radioactives » (Sara Flounders). D’autant que la demi-vie (dite « période ») de l’uranium appauvri est de 4,5 milliards d’années (l’âge de la terre !) Le Koweït aurait dépensé quatorze milliards de dollars pour le « nettoyage » de son petit territoire. Pour décontaminer vingt-trois de leurs chars, les Américains ont mis trois ans et dépensé quatre millions de dollars, alors que les cinq mille chars irakiens hautement radioactifs détruits pendant la « guerre du Golfe » sont restés sur le terrain, pour la plupart sur « l’autoroute de la mort », au sud de l’Irak. En février 2003, les USA ont refusé par avance tout nettoyage des sites qu’ils pourraient contaminer en Irak. Mais les dommages causés à l’environnement deviennent de toute manière rapidement irréversibles. En Afghanistan, des tempêtes de sable traversant le pays et la pollution consécutive des rivières et des fleuves, notamment la rivière de Kaboul, et l’Indus, fleuve qui traverse le Pakistan et alimente les exploitations agricoles et les populations locales en eau potable, a alarmé le corps médical. Des équipes de NBC (nucléaire-biologique-chimique) auraient très tôt été présentes en Afghanistan pour mesurer le niveau de contamination après les bombardements. Juste après un « tir ami » des équipes de reporters qui travaillaient aux côtés des militaires de la coalition, ont été rapidement enlevés et enfermés dans un hangar. Dès octobre 2001, les médecins afghans signalèrent des décès rapides de victimes présentant les symptômes typiques d’une forte contamination à l’UA. Dans les centres d’expérimentation des pays occidentaux, les expériences doivent avoir lieu en milieu confiné, la radioactivité est en principe soigneusement contrôlée et le personnel soumis à une surveillance particulière. Pourtant, des incidents conduisent parfois au relâchement d’oxyde d’uranium dans l’atmosphère (à Gramat, en Ecosse, à Puerto Rico…). Et l’on trouve autour de nombreux sites (usines de production, centres d’essais, régions agressées, sans compter les mines d’uranium…) des taux de cancers et de leucémies anormalement élevés. Dans l’Indiana, un ex-champ de tirs d’essai d’obus à l’UA des années 80 va être reclassé en « zone de sacrifice national », condamnée pour l’éternité. Pourquoi l’uranium « appauvri » devient-il un produit banal lorsqu’il est déversé par centaines de tonnes sur les pays agressés ? Il y a bien des armes de destruction massive en Irak ! Des milliers de ces projectiles sont disséminés à des profondeurs variables sur les zones bombardées. De nombreux enfants qui jouent avec les projectiles argentés ou leurs débris radioactifs restés sur le terrain meurent de leucémie, dont la période de latence n’est que de quelques années. En Europe, toute dispersion d’UA dans l’environnement est illicite. Le PR Siegwart-Horst Günther, qui avait rapporté d’Irak un projectile à l’UA en Allemagne, fut menacé d’internement psychiatrique et condamné en 1994 à une amende de trois mille marks pour “ mise en circulation de matériaux radioactifs faisant courir un risque pour la santé ”. Pour le PR Major Doug Rokke, ancien chef du Projet pour l’uranium appauvri au Pentagone, vétéran de la Guerre du Golfe et chargé par Colin Powell du « nettoyage » de l’Arabie Saoudite et du Koweït en 1991, et aujourd’hui victime du « syndrome du Golfe », « L’Iraq est une déchetterie toxique. » D’autres nouvelles armes de destruction massives de la panoplie américaine auraient été testées depuis 2003. « Moab », la bombe la plus puissante du monde (8 tonnes), l’une des plus meurtrières, produit un mini-champignon semblable à celui des bombes nucléaires. Les « mini-nukes » (dont la puissance peut équivaloir plusieurs fois la bombe lâchée sur Hiroshima) auraient été utilisées en Afghanistan. La bombe « E » (électromagnétique), non seulement détruit toutes les communications, mais peut être utilisée comme un gigantesque four à micro-ondes sur une grande surface, cuisant dans son périmètre d’action tous les êtres vivants comme des poulets (le four à micro-ondes n’étant qu’une application domestique de la version militaire mise au point par Raython). En outre, de nouvelles versions, plus sophistiquées et plus meurtrières que les précédentes, de bombes au napalm, au plasma (à effet de souffle), au phosphore, à fragmentation (qui peuvent contenir de l’UA), et d’autres armes toutes plus terrifiantes les unes que les autres auraient également été testées secrètement, comme le laisse supposer le nettoyage total (comprenant l’enlèvement du sol sur plusieurs mètres de profondeur), de certains quartiers de Fallujah (après que la « ville aux cent mosquées » eût été rasée en novembre 2004) et de l’aéroport de Bagdad (en mars 2003), déclarés zones interdites. L’utilisation de bombes incendiaires de type napalm a été confirmée par de nombreux témoins à Fallujah 1. L’utilisation d’un napalm ’amélioré’ (MK77) lors de l’invasion de 2003 a d’ailleurs été reconnu tout a fait officiellement par les officiels US 2. Une arme de destruction massive en voie de banalisation Les armes de destruction massive à l’UA, classées « conventionnelles » sont aujourd’hui fabriquées par un nombre grandissant de pays, douze connus à ce jour, dont Israël, la Turquie, la Russie, le Pakistan et la France. Deux mille cent essais ont été effectués sur le territoire français depuis 1987, dont un millier au centre de Gramat (dans les Causses sauvages du Lot, près du gouffre de Padirac et de Rocamadour) et à Bourges (Cher) en plein air. Les armées de près de cinquante pays, et tous les types de munitions de la panoplie des armes américaines en seraient équipés aujourd’hui. La plupart des armes en contiennent, des simples balles aux bombes « intelligentes » guidées par satellites, en passant par les obus, les missiles, et les ogives des bombes dites « bunker busters » (destinées à détruire les bunkers souterrains). Au début des années 90, la France, qui possède pourtant des stocks considérables d’U238 en raison de son grand nombre de réacteurs nucléaires (58), a acheté aux Etats-Unis mille tonnes d’UA « sale » (contaminé par de l’U 236 et du PU 131 ) via la COGEMA et Framatome, destinées à équiper notamment ses chars Leclerc et AMXB2. Des obus-flèches à l’UA sont fabriqués à Romans et à Annecy depuis 1995. Dans le Limousin, près de 200.000 tonnes d’oxyde d’uranium appauvri (sous forme de U 3 O 8 ) contaminé, destinées à être « valorisées » en obus, doivent être entreposées à Bessines (près de Limoges) malgré l’avis négatif de la commission d’enquête (Cf. Bella Belbeoch, 2004). La fabrication des engins elle-même est une industrie à risque : aux Etats-Unis, plusieurs usines productrices d’UA ont été contraintes de fermer parce qu’elles avaient contaminé leurs salariés et les populations alentour. L’OMS complice une fois de plus de « crimes contre l’humanité » L’utilisation des armes à uranium appauvri, véritable « crime contre l’humanité » (reconnu comme tel par la plupart des spécialistes internationaux, dont Ramsey Clark, le PR Doug Rokke, Rosalie Bertell, Leuren Moret, Helen Caldicott, le général Pierre-Marie Gallois…), se poursuit dans l’indifférence générale et avec la bénédiction des organisations des Nations Unies. Le black-out sur ces nouvelles armes est facilité par le fameux Accord que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été contrainte de signer en 1959 avec l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA), dont l’article 3 stipule que les deux organismes « peuvent être appelés à prendre certaines mesures restrictives pour sauvegarder le caractère confidentiel des renseignements qui leur auraient été fournis . » Il est donc interdit à l’OMS de traiter des questions de radiation et de santé publique sans l’aval de l’AIEA, agence des Nations-Unies au service du lobby nucléaire. Ce lien de dépendance empêche l’OMS de respecter sa constitution, qui précise « qu’une opinion publique éclairée et une coopération active de la part du public sont d’une importance capitale pour améliorer et protéger la santé de tous les peuples ». En cinquante ans, « la perfidie de cette alliance entre deux organismes des Nations-Unies aux buts diamétralement opposés, qui devraient s’affronter et non coopérer... n’a jamais été dénoncée publiquement » (Bonny, 1999). Les mêmes « experts » de l’ONU, qui avaient préconisé de ne pas évacuer les zones hautement contaminées par l’explosion du réacteur de la centrale de Tchernobyl, commettent ainsi un nouveau « refus d’assistance à populations en danger » en acceptant l’usage militaire et civil de l’UA, avec la complicité active des gouvernements et des media occidentaux. En outre, ils bénéficient d’une immunité totale pendant et après leur mandat. Résultats : études non réalisées ou biaisées, rapports interdits de publication (comme l’« aide-mémoire n° 257 » de l’OMS) ou censurés. Ainsi, le Pentagone a tenté de démontrer le caractère inoffensif de l’UA en s’appuyant sur un rapport de quatre pages de l’OMS de janvier 2001, particulièrement inconsistant et peu scientifique ! L’Organisation Mondiale de la Santé, sous la pression de l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (IAEA) bloque depuis 2001 la publication d’un rapport réalisée par trois experts des radiations de très haut niveau sur les effets et les risques de l’uranium appauvri sur les populations. Le Dr. Keith Baverstock. Principal auteur du rapport, déclare que ce rapport a été censuré volontairement, ce que nie l’OMS Des études inexistantes, trafiquées ou censurées Le rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) sur la pollution radioactive au Kosovo fut d’abord réduit de 74 à 2 pages ! En novembre 2000, la mission du PNUE a visité seulement onze sites, sur les cent douze cibles touchées par les bombardements de l’OTAN au Kosovo en 1999. Cette « visite guidée » avait été soigneusement préparée par les responsables de l’OTAN, dans des zones choisies, réduites, et au préalable « nettoyées » autant que cela était possible (pendant seize mois, plus de dix équipes de contrôle avaient préparé le terrain). Après avoir étudié 355 échantillons prélevés dans le sol, l’eau, les végétaux et le lait, la mission a conclu à de « faibles niveaux de radiation à proximité des cibles » et de « légères contaminations provenant des poussières d’uranium ». Malgré le constat de la présence de plutonium dans les obus-flèches, elle a estimé que les résultats n’étaient « pas alarmants ». Cependant, la mission avait attiré l’attention sur le risque de contamination de la nappe phréatique par des munitions enterrées dans le sol susceptibles de décupler, voire centupler le taux d’uranium dans l’eau potable. De son côté, le Dr Chris Busby, expert indépendant de renommée mondiale, auteur d’un ouvrage sur les faibles radiations (Les Ailes de la mort), et dont les résultats des études au Kosovo ont été reconnus par la Royal Society de Londres, a relevé sur le site de Jacova des niveaux de radioactivité cent fois supérieures à la normale, et dix fois plus de thorium – l’un des sous-produits de l’UA - que d’uranium appauvri. Le PNUE, dont l’Unité d’évaluation après conflit avait demandé à intervenir rapidement en Afghanistan, et réclamé un financement pour le Fonds pour la recherche sur l’UA, n’a jamais reçu de réponse de la part de la directrice de l’OMS de l’époque, Gro Harlem Brundtland. D’après Robert J. Parsons, ces manœuvres dilatoires auraient été motivées par l’opportunité d’attribuer les symptômes des victimes de fortes expositions à l’UA à la rigueur de l’hiver afghan et à l’état sanitaire de populations fragilisées par plus de deux décennies de guerre. Les gouvernements coupables de ces atrocités maintiennent une chape de plomb sur l’utilisation de l’utilisation de leurs armes de destruction massive et leurs conséquences « Des campagnes de relations publiques sont conseillées, étant donnée la perception (négative) de la radioactivité par le public. Les activités de combat et de manœuvre présentent un risque de réaction d’opposition internationale . (Rapport de l’OTAN de 1990). On se trouve devant un black-out quasi total des médias (dont la plupart appartiennent à des industriels de l’armement, comme en France Serge Dassault ou Matra Lagardère, ou de construction, comme Bouygues), qui présentent l’UA comme un produit anodin. Ce silence permet aux pays responsables (à la fois juges et partie) de se défausser de la prise en charge des coûts de décontamination des sites bombardés, mais surtout de banaliser dans l’indifférence générale l’usage militaire d’un déchet nucléaire hautement toxique dont l‘utilisation était restée tabou pendant plusieurs décennies jusqu’à la « Guerre du Golfe ». Les pays bombardés ne sont pas été plus avertis que les combattants des risques de contamination radioactive. L’usage d’UA dans le Golfe en 1991 n’a été révélé que huit mois après la fin officielle de la guerre par un quotidien britannique. Aucun media français ne parle de l’utilisation de l’uranium appauvri en Irak actuellement. Sur 580.000 vétérans américains de la « Guerre du Golfe », on dénombre à ce jour plus de 325.000 victimes de pathologies permanentes et 11.000 morts (au rythme de 140 vétérans par mois). Dix ans après l’intervention dans le Golfe, plus de la moitié des vétérans étaient atteints de maladies chroniques, alors que le taux était de 5% en moyenne chez les vétérans des conflits du siècle dernier (10% au VietNam). Une étude réalisée en 1996 par le Département des Anciens Combattants a montré que 67% des bébés nés après la « guerre du Golfe » présentaient des malformations. La presse indépendante a révélé que 40% des soldats ayant servi dans une unité de l’offensive de 2003 présentaient déjà des pathologies graves et multiples susceptibles de déboucher sur des cancers, seize mois seulement après leur retour (Moret, août 2004). Des associations de vétérans américains comme Veterans For Peace (VFP) ou des vétérans de la guerre du VietNam militent activement contre les nouvelles guerres radiologiques et participent à toutes les grandes manifestations pacifistes. Intensifier la campagne d’information internationale et vue de l’interdiction totale de ces armes, afin de « sauvegarder l’avenir de l’humanité » (Ramsey Clark ) « Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille la peine d’être menée, ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison ». Albert Camus (ibid.) Selon le droit international sur le contrôle des armements, les armes à UA, à la fois chimiques et nucléaires, sont pourtant illégales (conventions de La Haye de 1899 et 1907, de Genève de 1925 et 1949, Charte de Nuremberg de 1945, convention des Nations-Unies du 10 octobre 1980, dite « Convention des armes inhumaines »), parce qu’elles infligent des maux superflus et des souffrances inutiles, qu’elles sont non discriminantes, causent des atteintes graves et durables à l’environnement et, comme les mines antipersonnel, demeurent meurtrières bien après la fin des conflits. Leur utilisation a été condamnée par la résolution n°96/16 de la sous-commission aux Droits de l’Homme des Nations Unies en août 1996. De son côté, le Parlement européen a voté en janvier 2001, « en appel du principe de précaution », un moratoire sur leur utilisation (mais pas sur leur fabrication !). De nombreuses personnalités de renommée internationale, comme Rosalie Bertell, épidémiologiste canadienne spécialisée dans les maladies des radiations (prix Nobel Alternatif 1986) et Ramsey Clark, ancien secrétaire d’état américain à la Justice et avocat international, et de très nombreuses associations aux Etats-Unis comme en France, tentent de mobiliser l’opinion internationale pour obtenir « l’interdiction internationale inconditionnelle de la recherche, la production, les essais, les transports, la détention et l’utilisation de l’uranium appauvri à des fins militaires. » Elles demandent également « que toutes ces armes et tous les déchets radioactifs soient immédiatement isolés et stockés, que l’uranium appauvri soit classée « substance radioactive dangereuse », que les zones contaminées soient nettoyées et que tous ceux qui ont été exposés puissent recevoir des soins médicaux appropriés ». Si ces appels ne sont pas entendus, de plus en plus de régions de notre planète seront rayées de la carte, transformées en poubelles radioactives pour l’éternité, leurs populations condamnées à une mort lente et, finalement, la planète entière sera contaminée.

Joëlle Penochet

(Mise à jour de l’article paru dans MEDECINES NOUVELLES, 3e trimestre 2002, pp.79-90, et diffusé sur plusieurs sites Internet sous le titre « Escalade des armes à l’uranium appauvri »).

 
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