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Articles par pays :
Etats-Unis
Journal par No :
No 68, décembre 2002
Auteurs :
Olivier de Marcellus
No 68, décembre 2002
Publié le lundi 1er octobre 2007

Vingt ans après : relance du nucléaire aux Etats-Unis ?

Profitant de la dérive du pouvoir vers la droite extrême aux Etats-Unis, le lobby de l’industrie nucléaire essaie de relancer une industrie moribonde depuis plus de vingt ans. L’offensive se déroule sur plusieurs plans.

Restriction des droits de citoyens

Le lobby se plaint qu’une des causes du coût exorbitant du nucléaire réside dans les délais souvent très longs de construction provoqués par les enquêtes publiques et recours. Solution : les supprimer ! Un projet de loi a été rédigé qui prévoit une autorisation en une seule étape, qui ne serait pas susceptible de recours.

Subventions publiques pour le nucléaire

Un comble pour ce capitalisme dont l’idéologie se veut pour le marché et la privatisation, le lobby sollicite à présent des financements publics sans intérêt, des exemptions d’impôts et/ou des garanties publiques en cas de déficit, car il reconnaît que de nouvelles centrales nucléaires ne seraient pas viables économiquement si elles devaient se financer sur le marché !

Le nucléaire subventionné par respect de l’environnement !

Et par dessus le marché (c’est le cas de le dire), les nucléocrates comptent recevoir des subventions via le fameux marché des « droits à polluer » (« carbon trading »). Les centrales nucléaires pouvant vendre ces « droits à polluer » - étant donné qu’elles émettent très peu de CO2 (les pollutions radioactives tout au long de la chaîne de production du nucléaire, on n’en cause pas !) - les centrales à charbon les leur achèteraient pour avoir le droit de continuer à émettre du CO2. Plus généralement, le gouverne ment états-unien est prié de ne plus subventionner les énergies renouvelables, mais les énergies « non-polluantes », en incluant le nucléaire.

Une « solution » pour les déchets nucléaires imposée par l’Etat central

La Chambre des représentants a approuvé un projet soutenu par Bush consistant à créer dans le Nevada un énorme dépôt de déchets nucléaires pour tout le pays, malgré la vive opposition des habitants. Le projet prévoit de stocker sur le site de Yucca Mountain (Nevada) la totalité des déchets nucléaires américains ce qui représente environ 77’000 tonnes. Les déchets seraient enfouis dans des galeries creusées à 400 mètres sous terre. Actuellement, les déchets nucléaires sont entreposés dans 131 sites disséminés dans 39 Etats. Le Gouverneur du Nevada, M. Kenny Guinn qui, comme toute la classe politique de l’Etat et les indigènes (les plus directement concernés…), s’est battu bec et ongles contre le projet, a affirmé avoir perdu la bataille mais pas la guerre : « Nous continuerons notre bataille au Sénat, qui doit encore voter le projet, et en même temps devant la justice » a-t-il déclaré dans un communiqué. Il a indiqué que ce projet deviendrait un problème national car les 77.000 tonnes de déchets nucléaires devront circuler sur des autoroutes traversant 43 Etats où habitent 123 millions de personnes.

L’apocalypse nucléaire évitée de justesse

Pourtant la centrale de Davis-Besse - un réacteur de 900 MW situé à proximité de Toledo-Ohio - a prouvé, une fois encore, l’existence des dangers non maîtrisés du nucléaire. Une fuite d’acide borique a, de manière inattendue, pratiquement rongé sur une profondeur de quinze centimètres l’acier constituant le couvercle de la cuve du réacteur. Lorsque la cavité a été découverte en février, il restait moins d’un centimètre (0,9375cm) d’acier. L’acide borique est ajouté au liquide primaire qui circule dans la cuve de tous les réacteurs à eau pressurisée (PWR). La France, avec plus de 55 réacteurs PWR, connaît ce syndrome - nommé « fissuration des traversées de couvercle de cuve » - qui menace l’industrie tout entière.

Nucléaire civil et nucléaire militaire, les complicités criminelles de toujours

Cette relance du nucléaire civil n’est pas surprenante de la part de Bush. En effet, lui et un nombre impressionnant de ses ministres sont directement redevables à l’industrie du pétrole pour leurs fortunes, et les monopoles du pétrole (Exxon en tête) contrôlent aussi le marché de l’uranium. Enfin, pour les faucons de l’administration Bush, le nucléaire civil accompagne leur campagne de re-escalade nucléaire et militaire. Bush a renié pratiquement tous les traités limitant la course aux armements. En Afghanistan, on a assisté à une première tentative de justifier l’utilisation d’armes tactiques nucléaires. Et surtout, le nucléaire civil produit, parmi ses déchets radioactifs, des tonnes d’uranium appauvri dont la US Army dispose pour arroser l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan etc. Stopper l’impérialisme US est aussi une priorité pour la sauvegarde de la planète !

Olivier de Marcellus

 
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