No 87, octobre 2007
mardi 23 octobre 2007
par ContrAtom

Une solution aux problèmes des déchets nucléaire ?

Mon oeil !

C’est en 1965 que l’état allemand a acheté la mine de sel de Asse II située au centre de l’Allemagne entre Kassel et Göttingen pour en faire un dépôt définitif de déchets nucléaires. Dès 1967, les premiers fûts de déchets y sont déposés afin de tester le dépôt.

“Tester“ est un mot usurpé car dès le début, il fut hors de question de les retirer. Pourquoi ? “ Parce que nous avons ici le seul dépôt définitif du monde occidental qui fonctionne. Le sel est l’atout N°1“ déclarait Egon Albrecht, chef de projet de l’époque. Depuis, des centaines de milliers de fûts ont été entreposés et recouverts de tonne de sel : 1293 fûts de moyenne radioactivité ont été déposés dans une seule caverne à 511 m. et 124 494 autres fûts de soi-disant faible radioactivité ont été répartis dans 12 autres cavernes entre 725 et 750 m. sous terre. Au cours de l’année 1978, plus de 30 000 tonneaux de déchets radioactifs provenant de tous les coins d’Allemagne y ont été déposés.

Il s’agissait de déchets issus de centrales et de centre de recherche nucléaire.

Et c’est là que l’histoire se gâte et qu’il y a comme un “hic“, non dû a l’alcool mais… à l’eau ! “L’infiltration d’eau peut avec sûreté être vraisemblablement considérée comme nulle“ promettait avec assurance en 1972, Klaus von Dohnanyi, le secrétaire d’état au ministère de la science. Avec la même assurance, le Centre de recherche pour l’environnement et la santé (GFS) déclarait à son tour que cette installation “était totalement étanche“ ! Résultat de courses : 15 ans après ces affirmations, les employés découvraient en août 1988 une première infiltration d’eau ! Inquiétant ! Et lorsqu’on apprend qu’entre 1906 et 1964, 131 cavernes d’exploitation de sel avaient déjà été détruites en raison de la pression exercée par le poids de la roche et que le couvercle de la mine d’Asse II s’était déjà affaissé de 5 mètres, on commence vraiment à se faire du souci ! Et il y a bien de quoi se faire du mouron ces derniers temps : l’eau est en train d’occuper le terrain ! A 511 m. de profondeur, pas moins de 12 mètres cube d’eau en moyenne sont pompés et renvoyés quotidiennement !“Pour le moment, la situation est gérable, mais nous devons à tout moment nous attendre à la présence d’une quantité d’eau plus importante“ déclare Günther Kappei, ingénieur actuel de la mine. Une inondation de la mine serait une catastrophe gravissime pour l’environnement : non seulement des déchets moyennement et faiblement radioactifs sont présents dans le dépôt mais on doit aussi compter avec 11 kilos de plutonium et 87 tonnes de thorium radioactif ! Un tel cocktail propulsé dans la nature atteindrait rapidement les nappes phréatiques, avec quelles conséquences !! Une telle éventualité conduirait ipso facto à l’arrêt du dépôt mais également à un désastre pour l’industrie nucléaire allemande qui tablait sur cette expérience pour l’appliquer à Gorleben. Asse II était parait-il, un dépôt final modèle d’une sécurité extrême qui devait rester étanche pendant des millénaires !

Eh bien, à l’heure qu’il est, on envisage de retirer les déchets de la mine ! Cela va coûter des milliards d’euros ce qui engendre de violentes polémiques au sein du parlement allemand. Certains déclarent : “on ferme tout et l’affaire est close !“ Autre solution proposée pour éviter la catastrophe : remplir complètement la mine de sel et boucher les cavernes avec une solution de chlorure de magnésium (ce qui risque d’abimer les tonneaux !), puis de construire une barrière de béton d’une trentaine de mètres d’épaisseur comme protection anti-radiation ! Quelle que soit la solution choisie, il semble désormais établi que ce type de dépôt est d’ores et déjà condamné !

S’imaginer pouvoir contrôler des matières radioactives pendant des millénaires est une utopie à laquelle aucune personnes censée ne peut adhérer ! Et si les nappes phréatiques venaient à être polluées radioactivement, ce qui risque bien d’arriver, quel sort serait réservé aux habitants des régions concernées ?

Décidément, à la question :“les déchets nucléaire : qu’en faire ?“ il n’y a bien qu’une seule et unique réponse : Cessons d’en faire !

Philippe Progin