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Articles par thèmes :
Fusion ITER
Articles par pays :
International
Journal par No :
No 84, décembre 2006
Auteurs :
Fabienne Gautier
No 84, décembre 2006
Publié le vendredi 28 septembre 2007

Fusion nucléaire : les raisons du plus fort sont toujours les meilleures

Les représentants des pays participant au projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) viennent de signer un accord permettant la construction du réacteur expérimental de fusion nucléaire dans le sud de la France. La Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, l’Inde, le Japon, la Russie et l’Union européenne ont ainsi ouvert la voie à la réalisation, à Cadarache, de cet équipement pharaonique.

ITER en « bref »

Si toutes les centrales nucléaires en service dans le monde fonctionnent sur le principe de la fission, le projet ITER se propose, quant à lui, d’expérimenter la fusion nucléaire. Or, à l’heure actuelle, seul le processus de fusion nucléaire de la bombe atomique à hydrogène ou à neutron est « maîtrisé » sur le plan technique.

Le coût du projet ITER est estimé à plus 10 milliards d’euros(1). Par ailleurs, la réalisation de ce programme de recherche va engendrer une consommation d’énergie astronomique. Pour démarrer Ia réaction, il faut disposer de 500 MW (soit la moitié de la capacité d’une centrale nucléaire !), fournis par l’ensemble du réseau pendant une dizaine de secondes. De façon permanente, l’installation a besoin de 120 MW. Bref, loin de produire de l’énergie, ITER sera un gouffre électrique.

De plus, même si l’expérience se révèle réussie, ce qui est loin d’être évident, des réacteurs de type industriel utilisant la fusion ne pourrait voir le jour que dans plusieurs décennies. Selon Frédéric Marillier de Greenpeace, « ce projet n’a pas de sens étant donné l’urgence dans laquelle nous sommes pour lutter contre les changements climatiques. L’enjeu se situe dans la réduction par 4 de nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, et non pas dans un programme de recherche, qui de l’avis même des experts les plus optimistes, n’aura pas une production commerciale avant 2080, si bien sûr ce projet aboutit un jour !

Avec ces 10 milliards d’euros on pourrait mettre en service 10.000 MW d’éolien, fournissant une électricité propre à 7,5 millions de foyers européens. La communauté internationale devrait investir cet argent dans des mesures d’efficacité énergétique comme la rénovation des bâtiments, une politique des transports en commun et surtout le développement des énergies renouvelables qui créeront beaucoup plus d’emplois. »

Accord pas encore ratifié

Les signataires de cet accord ainsi que les médias n’insistent pas sur le fait que, avant d’entrer en vigueur, cet accord doit encore être ratifié par les pays signataires... Et plusieurs pays, dont les USA, pourraient ne pas le ratifier ! David Goldston, leader de la Commission scientifique du Congrès, a confié en mai 2005 à la revue New Scientist : « La participation des Etats-Unis dans le projet ITER est peu vraisemblable. »

Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce un arrangement, que la France entend faire signer par les différents pays, qui permettrait aux autorités de démarrer les travaux dès la signature de l’accord sans attendre le terme des processus de ratification. Cette manœuvre, vraisemblablement illégale, est aussi irresponsable dans la mesure où la défection de certains pays remettrait en cause l’existence même du projet ou augmenterait de manière significative la contribution financière de la France, pourtant déjà énorme.

Les meilleurs physiciens contre ITER

Contrairement à ce que prétend la propagande officielle (une énergie « sûre et propre »), le réacteur ITER mettra en danger les habitants de la région.

Le Prix Nobel de physique 2002, le Japonais Masatoshi Koshiba, a expliqué que le réacteur nucléaire fondé sur ITER, qui brûle du tritium, est extrêmement dangereux du point de vue de la sûreté et de la contamination de l’environnement. Le flux de radiations de 2 kilos de tritium est pratiquement du même niveau que celui produit par l’accident de Tchernobyl et suffirait à tuer 2 millions de personnes.

Pierre-Gilles de Gennes, également prix Nobel de physique, dénonce lui aussi le projet : « Je trouve que l’on consacre beaucoup trop d’argent à des actions qui n’en valent pas la peine. Exemple, la fusion nucléaire. Les gouvernements européens, de même que Bruxelles, se sont rués sur le réacteur expérimental ITER sans avoir mené aucune réflexion sérieuse sur l’impact possible de ce gigantesque projet. (..) Il faudrait construire une usine du type de La Hague autour de chaque réacteur pour pouvoir traiter sur site les matières fissibles extrêmement chaudes, qu’on n’a pas le droit de transporter par voie routière ou ferroviaire. Vous vous rendez compte de l’ampleur d’un tel projet ! »(2)

Un désastre écologique

Antoine Calandra, de l’Association Mediane, dénonce les conséquences importantes sur la région et son environnement que vont engendrer les premiers travaux en vue de l’implantation du projet ITER à Cadarache, dés 2007.

Le passage des 300 convois exceptionnels va nécessiter abattages d’arbres, démolitions et reconstructions de ponts, surélévations de pylônes très haute tension, élargissements de routes, aménagements de traversées d’autoroutes, de carrefours etc.

De plus, pour construire ITER, 180 hectares de forêt domaniale seront détruits auxquels il faut ajouter des terrains au moins aussi grands sur lesquels vont être déposés les matériaux extraits de l’excavation avec comblement probable d’un vallon (car le réacteur sera largement enterré, de 25 m, sur un total de 75 m de hauteur !).

Cette forêt est biologiquement très riche, de par sa diversité et l’âge des peuplements de sa flore et sa faune, déjà très déstabilisée par les nombreux sondages de terrain. A brève échéance, sont également menacés le parc à mouflons de Cadarache et l’avifaune du confluent Durance-Verdon, la seconde de Provence après celle de Camargue en nombre d’espèces et de populations.

Selon Antoine CALANDRA « l’engouement pour le projet est totalement surréaliste et en déconnexion des enjeux actuels. Le déferlement des déclarations et des discours pro-ITER est à la mesure de l’aveuglement général face à la tâche qui nous attend. On ne peut croire qu’un projet d’avenir puisse naître dans un tel irrespect des milieux naturels et des hommes. Pourquoi tenter de reproduire dangereusement ce qui se passe au sein des étoiles alors qu’un bel astre luit au dessus de nos têtes, et en Provence particulièrement, dont l’énergie, propre, accessible à tous et ne compromettant pas la vie future, ne demande qu’à être mieux utilisée ? »

Fabienne Gautier

source : http://reacteur.iter.free.fr/

 
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