Le 24 octobre, le gouvernement français annonçait l’ouverture du capital d’EDF à hauteur de 15%. L’entrée en bourse a eu lieu un mois après, avec une propagande massive visant à vendre aux Français... une entreprise qui leur appartenait déjà... théoriquement du moins. Car en effet, EDF échappe depuis longtemps à un réel contrôle démocratique.
Ainsi, le mouvement de refus du bradage d’EDF, pose la question d’une réappropriation publique démocratique de l’entreprise, d’une « renationalisation » citoyenne. Ce combat en France sera important pour notre campagne contre la loi qui veut libéraliser-privatiser le secteur électrique suisse en lui fixant des buts de compétitivité marchande, plutôt que des buts écologiques et sociaux. Pour les antinucléaires, la bataille contre la privatisation est essentielle. Le réseau français « Sortir du nucléaire » l’a vu. Le 27 octobre, s’adressant aux opposants, il expliquait que…
C’est pour payer de nouveaux réacteurs nucléaires qu’EDF ouvre son capital
« Certes, dans un premier temps, EDF et gouvernement ont pris soin d’annoncer des investissements dans des secteurs moins sensibles. Mais, pour financer la construction des nouveaux réacteurs annoncés, la privatisation d’EDF ne s’arrêtera pas à 15% ni à 30%. Aussi, la meilleure façon de faire échouer celle-ci est de rejeter le nucléaire, négation du service public et de l’éthique citoyenne :
« Sortir du nucléaire » appelait à lutter et contre l’ouverture du capital d’EDF et contre de nouveaux réacteurs, en réfutant les arguments des tenants de l’atome :
Le 17 novembre « Sortir du nucléaire », tirait le bilan de l’entrée en bourse d’EDF : « des millions de particuliers ont été abusés, entraînés par une puissante campagne publicitaire, et ont acquis des actions EDF sans en connaître les risques réels. Il est symptomatique de constater que les investisseurs institutionnels, mieux avertis que les particuliers, ne se sont pas précipités, loin de là, pour prendre des participations dans EDF. »
Et de relever que : « diverses données, s’ajoutant au déficit colossal déjà accumulé par EDF - au moins 40 milliards d’euros, sûrement plus - permettent de douter de l’avenir radieux d’EDF en bourse. » En citant comme éléments principaux :
Risques collectifs, profits privés
Pour conclure « Sortir du nucléaire » appelle les citoyens à la vigilance contre l’un des effets de la privatisation : pour son avenir en bourse et les profits de ses actionnaires, EDF va tenter de se débarrasser sur l’Etat de ses responsabilités en matière de démantèlement d’installations nucléaires et de gestion des déchets. Le tour de passe-passe, déjà mis en œuvre pour le site de Marcoule, consiste pour EDF à verser une modeste « soulte libératoire » au « profit » du CEA*, c’est-à-dire de l’Etat, donc des citoyens, qui se retrouvent responsables en la matière ! Un autre risque évident de l’entrée en bourse d’EDF vient d’être mis en lumière au moment où nous bouclons ce numéro : le 8 décembre, EDF annonçait la suppression jusqu’en 2007 de plus de six mille emplois. Premier effet de ce sacrifice sur l’autel de la « rentabilité » au bénéfice des actionnaires, le titre EDF a, pour la première fois depuis sa mise en bourse, dépassé le seuil des 32 euros d’origine ! Mais cette logique signifie une explosion de l’externalisation et de la sous-traitance, notamment dans le domaine nucléaire où ils constituent déjà une plaie que nous avons souvent dénoncée. Effets prévisibles en matière de sécurité des centrales : une dégradation dangereuse et qui pourrait se révéler catastrophique.
Pierre Vanek
* CEA : Commissariat français à l’énergie atomique