No 74, juin 2004
samedi 13 octobre 2007
par ContrAtom

Nouvelle centrale nucléaire en Suisse ?

Après l’expiration du moratoire sur la construction de centrales nucléaires en Suisse et l’entrée en vigueur de la LENu (loi sur l’énergie nucléaire), les promoteurs suisses de l’énergie atomique dévoilent peu à peu leurs projets.

Les milieux de l’énergie de notre pays se préparent à répondre aux menaces de pénurie de courant qui pourraient, selon leurs projections, intervenir d’ici une quinzaine d’années quand les réacteurs de Mühleberg et de Beznau arriveront en fin de vie. Ils assurent que toutes les options sont étudiées par le groupe de recherche qu’ils ont mis sur pied fin 2003. Vraiment ? Même celle d’une sortie du nucléaire ?! Les premiers échos de leurs fructueuses cogitations commencent à nous parvenir par la presse, notamment l’avis de l’ex-patron du groupe Atel (exploitant de la centrale de Gösgen), qui évoque uniquement la perspective d’une nouvelle centrale nucléaire. Cette option est confirmée par l’Association suisse pour l’énergie atomique (ASPEA) qui souligne que « seule la construction d’une nouvelle centrale nucléaire permettra de faire face à cette situation ». Il semble clair que, suivant l’exemple de leurs homologues français et finlandais, les nucléocrates suisses entendent profiter de l’atmosphère favorable qui entoure actuellement l’atome.

Un EPR suisse

Si d’aucuns, comme le Secrétaire général adjoint de l’ASPEA, évoquent leur penchant pour le tout nouvel EPR (European Pressurized Water Reactor), « très puissant, il suffirait à remplacer les trois centrales de Mühleberg et Beznau I et II réunies (1100 MW) », d’autres pourront se montrer davantage séduits par le projet GIF (Generation IV International Forum), c’est-à-dire le réacteur de quatrième génération. En 2002, la Suisse a en effet discrètement adhéré à ce projet porté par les Etats-Unis et regroupant une dizaine d’Etats.

Scénarios énergétiques du futur

Parallèlement, au sein de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN), des recherches sur les scénarios énergétiques pour le futur sont également en cours. Un groupe d’étude a été constitué pour définir des modèles intégrant tous les paramètres connus, il se nomme « Perspectives énergétiques » et travaille en partenariat avec des industriels. Les résultats de ces recherches, attendus pour 2005, serviront de base de discussion pour de futures décisions politiques. Rappelons que la LENu, adoptée par les chambres fédérales en mai 2003 après la défaite des initiatives anti-nucléaires, permet à notre pays de construire de nouvelles centrales et que la Confédération continue à investir dans la recherche sur l’énergie nucléaire. Reste à savoir qui du secteur industriel ou du pouvoir politique prend véritablement les décisions de ce type en Suisse. Attendons de connaître les résultats du groupe « Perspectives énergétiques » de l’OFEN, en espérant que, malgré son partenariat avec l’industrie, c’est à l’avenir de notre planète qu’il accordera la priorité. Fabienne Gautier