No 83, octobre 2006
lundi 1er octobre 2007
par ContrAtom

Chères, chers ContrAtomistes,

On l’a échappé belle le 25 juillet dernier lorsque le réacteur nucléaire de Forsmark, en Suède, a été stoppé brusquement à la suite d’une panne d’électricité, provoquée elle-même par un court-circuit sur le réseau extérieur de la centrale ! La totalité des écrans de la salle de contrôle se sont éteints et les opérateurs se sont retrouvés privés de commande ! Quatre générateurs électriques de secours ont alors été suscités pour alimenter en électricité le système de refroidissement du réacteur mais aucun n’a démarré spontanément et il a fallu 23 minutes à l’équipe pour finalement arriver à démarrer manuellement deux d’entre eux ! Un spécialiste de centrales a avoué à la presse suédoise que sept minutes plus tard, le coeur du réacteur aurait à coup sûr commencé à fondre. « C’est un pur hasard s’ils ont pu en reprendre le contrôle. Il s’agit de l’événement le plus dangereux depuis Three Mile Island et Tchernobyl ! » a-t-il ajouté.

Le plus inquiétant dans cette affaire, c’est que cette centrale suédoise venait d’être reconnue comme l’une des plus sûres au monde par l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Nucléaire). Or voilà la preuve faite qu’un simple court-circuit peut mener la centrale la plus sûre du monde à la catastrophe. Quelle angoisse ! Combien d’avertissements, combien d’incidents, combien de signaux d’alarme faudra-t-il encore pour qu’on admette enfin que la technologie nucléaire fait courir des risques incommensurables à l’humanité et qu’il est urgent d’en sortir au plus vite ?

Force est de reconnaître que le caractère gravissime de l’événement n’a pas provoqué beaucoup d’échos dans les médias, ce qui n’est pas étonnant : on surfe en pleine vague de projets de relance du nucléaire, ce n’est vraiment pas le moment d’inquiéter le bon peuple ! Discrétion aussi concernant les incidences de la canicule de juillet dernier sur le fonctionnement des centrales nucléaires. En France en particulier, où les centrales ont dû réduire leur production parce que les fortes températures ont surchauffé l’eau des fleuves qui ne pouvait plus dès lors réfrigérer les installations dans de bonnes conditions. Or, le réchauffement climatique n’est malheureusement pas prêt d’être stoppé et les canicules vont devenir monnaie courante dans le futur. Du coup, l’industrie nucléaire va être mise en grande difficulté entraînant de graves risques de pénurie, d’accident et de dommage à la nature. On le voit bien, le constat est sans appel, l’option nucléaire est dans l’impasse et pourtant le lobby atomique s’obstine. A nous de trouver les moyens de lui faire barrage ! La société civile a plus que jamais son rôle à jouer dans cette histoire. Si elle se montre forte et déterminée, elle finira par l’emporter. Quand la pression venue d’en bas est forte, ceux d’en haut finissent toujours par céder ! Le pouvoir est aussi dans la rue, alors allons-y !

Prochaines échéances :

  • Empêcher la construction du réacteur EPR à Flamanville, en Normandie, prévue pour 2007. Des manifestations décentralisées seront organisées dans toutes la France en mars de l’an prochain.
  • Empêcher par tous les moyens l’enfouissement des déchets nucléaires où que ce soit (Bure, Benken ou ailleurs) : manifs, référendums, interpellations parlementaires etc.
  • Se battre contre la libéralisation-privatisation des marchés de l’électricité (LMEbis) qui entraînerait immanquablement de dramatiques lacunes sur le plan de la sécurité, la rentabilité devenant peu à peu le seul critère à respecter !

Non, la lutte antinucléaire n’est pas un combat d’arrière-garde, comme on l’entend dire parfois ! C’est un combat d’actualité de toute première importance qui mérite l’engagement effectif de chacun et de chacune d’entre nous !

Chères, chers ContrAtomistes, merci d’être avec nous !

Anne-Cécile Reimann