Action permanente devant le palais de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour obtenir que cette agence de l’ONU recouvre sa liberté d’action en faveur des populations contaminées par la radioactivité, conformément à sa Constitution.
Depuis quelques décennies l’humanité est entrée de plain-pied dans l’ère nucléaire, mais elle ne connaît pas encore les multiples conséquences pour la santé humaine de l’action chronique des faibles doses de radiations ionisantes et des effets toxiques produits par les substances radioactives artificielles, disséminées en grande quantité dans l’environnement par l’industrie atomique militaire et civile.
L’incorporation chronique des radionucléides dans l’organisme de millions de personnes (le césium, le Cs137, disparaîtra seulement dans trois siècles), condamnées à se nourrir avec des aliments radioactifs, est un fait absolument nouveau, produit par la catastrophe de Tchernobyl, dont l’humanité n’a aucune expérience. Cela vaut également pour le « syndrome du désert » en Irak et pour la santé des populations serbe et albanaise en Yougoslavie où des tonnes d’uranium 238 (dit « appauvri » qui diminue de moitié au bout de 4 milliards et demi d’années) ont été projetées. La science, si elle a étudié en secret les conséquences de ces calamités sur la santé et sur l’environnement, ne semble pas encore prête, dans ses institutions officielles, à faire bénéficier de son savoir les populations de la planète.
Des témoignages et des documents recueillis en 15 ans d’enquêtes, accusent les plus hautes instances politiques, institutionnelles et scientifiques internationales d’un crime prémédité à Tchernobyl : crime contre l’humanité et crime contre la vérité scientifique. Par un contrôle systématique de la recherche et par le déni de la réalité observée dans les territoires contaminés par des chercheurs indépendants, le lobby nucléaire et la médecine officielle condamnent des millions de cobayes humains (Kofi Annan a parlé de 9 millions de personnes touchées) à expérimenter dans leur corps des pathologies nouvelles dans le vaste « laboratoire » des territoires contaminés par Tchernobyl.
Les victimes de cette « expérimentation » témoignent de leur abandon au milieu de la radioactivité qui ronge leur vie depuis 20 ans et les tue, eux et leurs enfants, dans les souffrances et dans l’indifférence du monde. Elles ne comprennent pas pourquoi le monde ne les voit pas, ne les entend pas, alors que ce dont elles souffrent menace aujourd’hui tous les habitants de la planète.
La réponse à leur étonnement existe et elle est révoltante.
Pourquoi l’OMS n’a-t-elle rien fait dans les territoires de Tchernobyl ? Pourquoi a-t-elle passé la main et laissé faire son travail de radioprotection par les promoteurs des centrales nucléaires ? L’opinion publique dans son ensemble ignore encore l’existence d’un accord signé entre l’OMS et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui empêche l’OMS d’agir librement dans le domaine nucléaire si elle n’a pas l’assentiment de l’AIEA. Formée de physiciens et non de médecins, cette dernière, dont l’objectif principal est la promotion des centrales nucléaires dans le monde, est la seule agence spécialisée des Nations Unies qui dépende directement du Conseil de sécurité. Elle impose son diktat à l’OMS, dont le but pourtant est « d’amener tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible ».
Aujourd’hui plus que jamais, l’indépendance de la recherche et de la connaissance dans le domaine de l’atome sont nécessaires à la survie de l’humanité.L’écologiste suisse Franz Weber a publié récemment dans son journal les terribles photographies des corps des enfants ravagés par l’uranium appauvri en Iraq. Les mêmes malformations, les mêmes blessures profondes sont observées chez les « liquidateurs » qui ont éteint l’incendie de Tchernobyl et chez leurs enfants. Les mêmes chez les enfants américains dont les pères ont combattu la guerre du Golfe et chez ceux des populations des Balkans bombardées par l’OTAN. Le vent transporte les poussières radioactives de l’uranium céramisé par l’explosion à de grandes distances en peu de temps et les distribue aux habitants de la Terre.
Depuis la fin de la guerre froide, depuis la fin de « l’équilibre de la terreur » atomique, il semble que plus rien ne peut limiter la démesure du pouvoir de l’argent et des armes indifférents à la vie. La société civile, - une opinion publique consciente, informée, créative, politiquement active, - constitue la dernière ressource, le seul espoir pour s’opposer à cette domination corruptrice incontrôlée, installée au cœur même des institutions qui sont préposées à la sécurité et à la paix dans le monde…
« Chaque être humain a le droit de savoir tout ce qui a trait à sa santé, à la santé de ses enfants et de ses proches, ce qu’il faut éviter et pourquoi 1. Sans la divulgation de la vérité scientifique sur les effets de la radioactivité pour la santé humaine dans les territoires contaminés de Tchernobyl et dans ceux des guerres à l’uranium appauvri la vie de tous est menacée, telle est l’ampleur de la catastrophe sanitaire qui sévit et s’aggrave dans ces territoires.
Chaque année, au mois de mai, les ministres de la santé de tous les pays du monde participent à l’Assemblée Mondiale de l’OMS. Chaque année, les organisations non gouvernementales réclament aux ministres de leurs pays l’amendement de l’accord signé en 1959 entre l’AIEA et l’OMS, qui empêche cette dernière de faire son métier dans le domaine du nucléaire. Et chaque année, l’Assemblée Mondiale de la Santé reste sourde et muette.
Le 12 février 2001, deux ONG, la suisse CONTRATOM et la française CRIIRAD, ont tenu une conférence de presse devant le palais de l’ONU à Genève, en posant une série de questions au Secrétaire Général Kofi Annan et à la Directrice d’alors de l’OMS, Mme Gro Harlem Brundtland. Les questions posées étaient :
La lettre à Kofi Annan se terminait par ces phrases :
« Le moment est venu, pour l’OMS, de s’affranchir des contraintes contre nature qui la lient à l’AIEA, promoteur officiel du nucléaire commercial. ... »
John W. Gofman – Chernobyl accident, Radiation consequences for this and future generations. 1993