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No 51, janvier 2000
Publié le lundi 1er octobre 2007

Bernard Engel :


Une casserole nucléaire pour DSK

La Cour des comptes française enquête sur la réalité du travail fourni entre 1994 et 1997 par Dominique Strauss-Kahn, ancien ministre de l’économie du gouvernement Jospin, dans le cadre d’un mandat de consultant pour EDF. Après avoir été le ministre de l’industrie, très nucléocrate, du gouvernement Bérégovoy, et se retrouvant au chômage pour cause de raz-de-marée de la droite aux législatives, DSK crée un petit cabinet privé opportunément baptisé DSK Consultant.

Entre autres juteux mandats (on pense tout de suite à la MNEF, allez savoir pourquoi), DSK travaille pour EDF, alors présidée par Gilles Ménage, ancien directeur de cabinet de François Mitterrand. Ménage déclare que c’est le directeur général qui signait les contrats, mais qu’il se souvient d’une mission confiée à DSK : « Il a effectué des prestations utiles dans le domaine du nucléaire. Il est notamment allé voir des Verts allemands pour les convaincre d’infléchir certaines positions. ».

Un job de lobbyste plutôt généreusement rémunéré, puisque l’ancien champion de la privatisation à tout crin(1) a touché un million de francs français (250 000 francs suisses) pour ses « prestations utiles ». Une broutille pour EDF, si l’on met cette somme en regard de celles, déjà dépensées ou simplement planifiées, englouties en pure perte par le seul surgénérateur Superphénix.

Bernard Engel

source : Le Parisien, 9.12.99

1 Rappelons que le gouvernement Jospin, sous l’impulsion de la politique économique de Strauss, a d’ores et déjà réalisé des privatisations dont les montant cumulés dépassent le total de celles effectuées par les gouvernements Balladur et Juppé réunis.


EPR : une victoire à court terme ?

Aucune décision sur le réacteur européen EPR ne sera prise avant 2003. La manifestation du 28 novembre a été annulée dans l’urgence.

L’été fut chaud. Face à la volonté affichée d’EDF et de Framatome de pousser le gouvernement français à passer commande avant fin 1999 d’un prototype de réacteur EPR, c’est l’ensemble des antinucléaires de France et des alentours qui faisait monter la sauce, annonçant notamment une grande manifestation unitaire pour le 28 novembre (cf. ContrAtom N°50, oct. 99). La menace de Dominique Voynet de quitter le gouvernement si El Jospino venait à prendre une telle décision de relance inconditionnelle du programme nucléaire français sans débat a peut être pesé dans la balance.

Toujours est-il que, le 14 octobre dernier, EDF et Framatome annonçaient que nulle décision concernant l’EPR ne serait prise avant 2003 ou 2004. La mobilisation avait donc porté ses fruits, et, suivant en cela les Verts, Greenpeace décidait de ne pas maintenir la dite manifestation. Privilégiant l’aspect unitaire, d’autres organisations annonçaient donc à leur tour l’annulation de la démonstration, même si certaines étaient favorables à son maintien. Des délais trop courts ont alors empêché une consultation des militants de base à ce propos.

Le recul du lobby nucléaire sur l’EPR est bel et bien une forme de victoire. La politique nucléariste a de moins en moins de soutien dans l’opinion publique, et cette tendance se fait sentir en France également. Cependant, on aurait tort de trop se réjouir. 2003, c’est vite là, et à cette date, il y a des chances que les nucléocrates aient retrouvé une conjoncture politique plus favorable.

Relevons tout d’abord qu’il n’y a pour EDF aucune urgence objective à étudier les options de renouvellement du parc nucléaire français. Le dispositif en place est prévu pour durer jusqu’en 2030. Ensuite, l’allemand Siemens, partenaire de Framatome sur le projet EPR, a tout intérêt à ne pas trop s’impliquer tant que le gouvernement Schröder n’a pas « clarifié » sa volonté affichée de sortir l’Allemagne du nucléaire. Et bien entendu, on peut parier qu’en 2003 ou 2004, le prochain président de la République aura bien plus les coudées franches pour prendre ce genre de décision délicate. Le temps peut donc jouer en faveur des nucléocrates, et la mobilisation ne doit pas faiblir.

Lou Jospinou promet qu’avant toute décision aura lieu un « large débat démocratique et scientifique ». Une déclaration qui ne mange pas de pain et qui calmera les naïfs. Ça fait quand même depuis les années 60 que la France (et le reste du monde) attendent ce débat. En attendant, EPR ou pas, le lobby de l’atome n’est toujours pas en mesure de proposer autre chose que des emplâtres sur une jambe de bois.

Ainsi de ce fameux EPR (European Pressurized Water Reactor), présenté comme le réacteur magique du troisième millénaire, et qui n’est en fait qu’une version vaguement améliorée des derniers réacteurs mis en service en France. Même si quelques petits efforts ont été fait sur la sécurité, sans pour autant garantir l’absence de risque d’accident majeur, l’EPR ne résout strictement rien dans le domaine de la production de déchets. Sur ce terrain, rien de neuf : on continuera à vouloir enfouir les bidons dans des couches géologiques supposées stables, et à laisser ainsi de petits cadeaux rigolos aux victimes des tremblements de terre des siècles et millénaires à venir.

En attendant, les chiffres restent dramatiquement plus parlants que tous les discours : EDF consacre annuellement 5 milliards de francs français (1,25 milliards de francs suisses) au développement du nucléaire, contre 50 millions (12,5 millions) pour les autres énergies, hydraulique comprise !

À l’heure actuelle déjà, en situation de monopole, EDF ne regarde que les coûts économiques et le prix du kilowatt/heure pour orienter ses choix énergétiques. Les potentiels coûts écologiques (qui impliquent des risques majeurs pour les populations) sont secondaires. Qu’en sera-t-il de cette tendance quand le marché de l’énergie sera libéralisé, et qu’EDF devra adapter ses prix à la concurrence ?

Bernard Engel


France : poubelle nucléaire

Perline, diplômée de l’école des Mines de Paris et docteur ès-sciences-technologie-société, dresse dans son dernier ouvrage un portrait alarmant des conséquences, passées, présentes et futures de l’insouciance avec laquelle sont abordées en France les questions liées aux risques nucléaires.

Deux-cent-vingt-trois pages d’informations rares et brûlantes, appuyées sur des sources et des chiffres avérés, nous donnent un aperçu peu rassurant des effets dramatiques de la politique d’apprentis-sorciers auxquelles se livrent les autorités françaises depuis les débuts du programme d’énergie atomique.

Stockage des déchets imparfait ou inexistant, techniques de confinement obsolètes trente ans après leur mise en application pour des déchets dangereux pour un million d’années, rejets aussi massifs qu’illégaux dans les fleuves et mers du globe... Autant de bombes à retardement disséminées en toute impunité par ceux que Perline qualifie de criminels parfaits, puisque les cadavres n’apparaîtront qu’après leur propre décès.

On n’en finirait pas de relever tout ce que cet ouvrage contient d’informations aussi précieuses qu’effrayantes. On relèvera, à titre d’exemple parlant, que la Commission Internationale de Protection contre les Rayonnements ionisants affirmait en 1990 déjà que les normes officielles en matière de rayonnements étaient une mesure fallacieuse, car il n’existe aucune dose de radiations qui soit inoffensive. La constitution humaine est le facteur déterminant. La CIPR précise que « la limite de dose est largement mais de façon tout à fait erronée considérée comme la ligne de démarcation entre l’inoffensif et le dangereux ».

Le réseau français « Sortir du nucléaire », qui fait l’éloge du livre dans sa lettre d’information de novembre 1999, en dit que « par les nombreuses références qu’il contient, [il] fait partie de ceux qui méritent d’être présents chez tous les citoyens soucieux de l’avenir ». On ne saurait les contredire.

Bernard Engel

France, poubelle nucléaire (1999),

par Perline, 223 pages, Editions Raymond Castells.

A commander sur le site :

http://www.perline.org/

ou à l’adresse du :

Réseau Sortir du nucléaire, 9 rue Dumenge, F-69004 LYON, pour 141 Francs français.


100 000 signatures

Alors que 100 000 signatures contre le projet de réacteur nucléaire EPR viennent d’être recueillies, le Réseau « Sortir du nucléaire » gênerait-il EDF au point que ce dernier engage un procès à son encontre ?

Crée, il a a deux ans, par quelques militants associatifs, le Réseau « Sortir du nucléaire », a connu un rapide succès et a su fédérer plus de 480 associations.

Rançon de ce succès, le Réseau connaîtra son premier procès, ce mercredi 5 janvier devant le Tribunal de Grande Instance de Paris.

EDF attaque le Réseau en justice pour diffamation ainsi que les auteurs d’un article intitulé « L’effet sur la santé des lignes à haute tension » paru dans une publication du Réseau et sur son site internet.

En tentant de frapper très lourdement le Réseau au portefeuille, EDF tente de museler et de réduire au silence un réseau citoyen et indépendant, bien décidé à continuer à faire entendre une autre voix.

Le procès interviendra au moment où le Réseau vient d’atteindre l’objectif de 100 000 signatures contre le projet de réacteur nucléaire franco-allemand EPR ouvrant la voie à un nouveau programme nucléaire français.

Communiqué du Réseau.. du 24.12.99

 
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