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No 54, septembre 2000
Publié le lundi 1er octobre 2007

Festival de n’importe quoi

Dissimulations, mensonges, oublis, erreurs, magouilles, hypocrisie, j’en passe et des meilleures : telles se trouvent être les caractéristiques majeures des autorités administratives et politiques françaises quand il est question de nucléaire. Pour ceux qui en douteraient encore, le numéro 15 de « Trait d’union », le journal de la CRII-RAD2, en donne quelques exemples édifiants qu’il me faut vous narrer.

La nature ne peut pas nous faire de mal...C’est le contraire qui est vrai !

Début mars 2000, le laboratoire de la CRII-RAD est averti de la présence, sur certaines plages camarguaises, de taches de sable noir. Des mesures sont effectuées, qui révèlent, sur quelques kilomètres de littoral, des niveaux de radioactivité totalement inattendus, et présentant un risque faible mais néanmoins non négligeable en cas d’exposition prolongée. Le phénomène se révèle être par ailleurs d’origine naturelle, et découlerait de l’érosion des massifs hercyniens. Le site étant supposé voir passer de nombreux baigneurs et vacanciers une fois les beaux jours revenus, la CRII-RAD alerte les autorités et administrations concernées et organise une conférence de presse.

C’est là qu’on commence à rigoler. Si la séance d’information précédant la conférence de presse se déroule parfaitement, cette dernière est bien vite perturbée par des intervenants ayant de toute évidence une idée assez claire de ce qu’il est loisible de dire sur la radioactivité en France, une phrase et une seule : « Il n’y a pas de danger. » Des journalistes doivent intervenir pour que la conférence ne dégénère pas.

Dès le lendemain, la campagne de désinformation commence : l’OPRI2 dément tout risque, alors qu’il n’a effectué aucun contrôle des mesures de la CRII-RAD. Certains journaux se livrent à une entreprise de démolition systématique. La palme revient à la Gazette de Montpellier, qui, sous le titre « Plages « radioactives » : c’était de l’intox », déforme complètement les propos des conférenciers, aligne mensonge sur mensonge, et affirme que la CRII-RAD manipule délibérément l’information pour en retirer un hypothétique bénéfice.

Que penser d’une entreprise de désinformation pareille ?! Le phénomène est d’autant plus sidérant que la cause est naturelle, et que pour une fois, ni EDF, ni la Cogéma, ni personne n’est responsable. Alors quoi ? Peur de faire fuir les précieux touristes ? Un touriste irradié vaut mieux que pas de touristes du tout ? Ou bien ces gens sont-ils vraiment convaincus que la dangerosité de la radioactivité ne relève que du fantasme science-fictionnel ?

Chauffage par le sol

Autre histoire surréaliste, celle de cette famille Gif-sur-Yvette (Essonne), qui vit depuis 1964 dans une maison sous laquelle reposent des déchets nucléaires hautement radioactifs. Pendant dix ans, les autorités ont caché l’existence de ces déchets à cette famille. Le permis de construire a été octroyé sans réserve ni mise en garde. La famille Garcia découvre quand même la vérité, et, en 1975, obtient des travaux de décontamination, menés par le centre d’études nucléaires de Saclay. Dès lors, les autorités considèrent la maison comme sans danger.

Affirmation bien évidemment contredite par les mesures inquiétantes effectuées par la CRII-RAD, qui l’ont amenée à porter plainte pour non assistance à personne en danger. L’enquête devra déterminer les responsabilités de tous ceux qui, depuis plus de trente ans, ont benoîtement affirmé une fois de plus qu’ « il n’y a aucun danger »...

Correcteur automatique

Moi, quand j’allais à l’école, je rendais mes travaux au professeur, et le professeur les corrigeait. Dans l’administration nucléaire, le système est beaucoup plus simple. Démonstration : la CRII-RAD relève de graves lacunes, dont certaines s’apparentent à du pur mensonge, dans le rapport présenté en 1998 par EDF à la DSIN3 pour le renouvellement des autorisations de la centrale de Saint-Alban. Rapport cependant approuvé par la dite DSIN. La CRII-RAD, arguments solides à l’appui, fait part de ses découvertes à Christian Pierret, Secrétaire d’Etat à l’industrie. Et là, surprise : c’est la DSIN, mise en cause, qui est chargée de rédiger la réponse... laquelle est une vaste plaisanterie, bourrée de contradictions et de mensonges éhontés. Outre Pierret, la CRII-RAD alerte alors Mmes Voynet (Environnement) et Gillot (Santé). C’était en février 1999. Plus d’un an après, le silence des trois ministères est assourdissant, et la centrale tourne toujours. Au mépris du tant invoqué « principe de précaution », du respect des procédures, de la loi et de la protection du citoyen, les autorisations ont été renouvelées. Le constat est simple : dans le domaine du nucléaire, civil comme militaire, le mensonge d’État est la norme. La loi est méprisée, contournée, bafouée, ignorée par ceux-là même qui l’édictent et devraient la faire respecter. La CRII-RAD le relève amèrement : les seuls recours susceptibles de donner des résultats sont l’action judiciaire, longue, coûteuse et incertaine, ou la mobilisation publique. Et là, c’est votre boulot comme le nôtre. Bernard Engel

1 Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la RADiocativité - c/o Le Cime - 471 av. Victor-Hugo - 26000 Valence - France. Internet : http://www.criirad.com - e-mail : contact@criirad.com

2 Office de Protection contre les Rayonnements Ionisants

3 Direction de la Sûreté des Installations Nucléaires

 
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