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Articles par pays :
Suisse Genève
Journal par No :
No 55, décembre 2000
Auteurs :
Pierre Vanek Philippe Gobet
No 55, décembre 2000
Publié le samedi 13 octobre 2007

Philippe Gobet :

Pierre Vanek :


Green Marketing ?

Le 2 novembre ContrAtom était reçu par les SIG, c’est-à-dire, selon leur nouvelle appellation, par « Les Energies de Genève » que d’aucuns ont rebaptisés ironiquement les « Energiques » de Genève.

Si la plaisanterie anti-fonctionnaires n’est pas nouvelle, ce qui l’était c’est que les SIG nous recevaient avec d’autres organisations, par la grande porte s’il vous plaît, en tant qu’ « association environnementale », alors que par le passé nous les envahissions par la petite et n’étions pas forcément bienvenus…

« Energétiquement corrects »

Ironie des temps, nos revendications sont devenues « politiquement correctes », en tout cas en surface… La lettre d’invitation des SIG comptait d’ailleurs quinze (15 !) fois le mot « environnement », une insistance que nous-mêmes ne nous serions pas permis !

On ne peut que s’en féliciter naturellement… et pourtant je suis revenu de cette réunion plutôt en colère ! Pourquoi ?

Une entreprise « propre »

Et bien prenons par exemple cette bourse solaire, cet exemple merveilleux d’engagement écologique d’une entreprise moderne et responsable. Il est tout de même intéressant d’entendre M. Battistella, nouveau directeur général des SIG déclarer avec beaucoup d’honnêteté, je cite de mémoire : « Pour nous il s’agit uniquement d’une question d’image. Cette production est tout à fait marginale, mais il s’agit de donner une image propre à l’entreprise. »

Et voilà tout est dit, le green-marketing concerne l’image du produit, mais à part cela « il faut s’adapter, vous savez, la libéralisation, l’énergie moins chère que les gens pourront acheter ailleurs, et gnagnagna... » De plus, ce concept de bourse solaire est très intéressant... financièrement : il permet de faire face à l’exigence légale qui force les SIG à racheter le courant solaire produit à Genève à 85 ct. pour le revendre, normalement, à 25 cts, soit une perte, (quelle horreur !) Grâce à la « bourse », le courant solaire est acheté au même prix , mais revendu à 1 Fr… (au maximum), donc opération pratiquement blanche au niveau comptable. Et vous, moi, et tous ceux qui ont accepté de prendre des tranches solaires payent de leur poche, réduisant l’ampleur d’une politique de subventionement volontariste des renouvelables qui a pourtant été votée et qui devrait donc être assumée par l’Etat… ou les SIG, entreprise publique.

N’y a-t-il pas là une distorsion de la démocratie ? Il ne suffirait plus de voter des lois, il faudrait confirmer (ou pas) avec son porte-monnaie… De plus, on aura avec ce genre de système des gens « politiquement corrects » ou tout simplement qui ont les moyens de se payer de l’énergie propre, et les autres qui pomperaient du nucléaire…Comme s’il s’agissait d’un problème individuel et pas de politique générale. Tout le monde serait content et… mais au niveau global rien n’aurait changé (40% d’électricité nucléaire)…

Rien n’est simple...

Malheureusement, rien n’est simple car cette bourse solaire permet effectivement, vu son succès, de stimuler la demande et donc l’offre en matière d’énergie solaire, et à défaut d’un engagement plus actif de l’Etat, la bourse solaire a un effet positif, même si sur le fond on a l’impression d’être un peu les dindons de la farce… Je m’explique à l’aide d’une comparaison : est-ce qu’on demande aux gens qui ont voté pour les FA/18 de les financer par des contributions volontaires afin d’éviter aux opposants de payer des impôts militaires ?

M. Battistella nous expliquait également que pour le futur, les prévisions pessimistes étaient une stagnation de la consommation, et les prévisions optimistes une augmentation de 2% par an… Alors que je signalais que c’était en contradiction avec la politique cantonale de BAISSE de la consommation d’électricité, M.Genoud de l’OCEN (Office Cantonal de l’Energie) venait au secours de M. Battistella (qu’il voit régulièrement, ça promet ! ) en nous confirmant qu’il est bien le spécialiste du double langage que l’on connaît : la baisse de la consommation qu’il place dans ses objectifs n’est qu’apparente (il l’a dit lui-même !) car c’est une baisse par habitant ou par entreprise, mais en tenant compte de sa Sainteté la Croissance Economique, il s’agit d’une hausse…

Produire plus...

De toute façon une baisse est considérée par M. Battistella comme « dépri-mante pour ses employés » (sic !), et risquant de provoquer du chômage… A notre avis, au contraire, les économies d’énergie ont un potentiel de créations d’emplois probablement plus élevé que la production d’énergie, la question étant de vendre mieux et non plus !

En matière d’énergie, M. Battistella s’est dit « intéressé » (à traduire par ignorant ?) par les pratiques d’entreprises américaines qui équipent leurs clients d’appareils économes en énergie plutôt que de produire toujours plus, ce qui est très coûteux… « On va y réfléchir, ce n’est pas impossible. » Merci monsieur, rendez-vous en 2030…

A genoux devant la libéralisation...

Que conclure ? Les SIG mettent sur le papier des mots que l’on croirait sortis de la bouche d’un ContrAtomiste… mais sont bien obligés d’être à genoux devant la prochaine libéralisation de marché de l’énergie… Ils font des pas en avant, mais ne sortent pas de leur logique de producteur-qui-doit-produire-toujours-plus…

Quant à nous, nous demandons une vraie politique de développement durable, des paroles suivies d’actions concrètes, le respect de l’article 160C ainsi que de la Conception Cantonale de l’Energie, de l’électricité SIG vraiment propre, bref, une politique de l’énergie décidée démocratiquement… et non pas une belle image ayant pour seul but de se tailler une place dans les futurs marchés « libéralisés »…

Philippe Gobet


Tentative d’« entrave technique » néolibérale...à la politique écologique

Lors de sa dernière séance le parlement genevois avait à traiter un projet de loi (PL 8215) que lui proposait le Conseil d’Etat autorisant ce dernier à adhérer à un « accord intercantonal sur l’élimintaion des entraves techniques au commerce ».

Il s’agit, à l’échelle des cantons, d’adopter les recettes de l’OMC en matière de dérégulation. Le rapport à ce sujet du député libéral Olivier Vaucher a le mérite de la franchise. Relatant les propos d’une juriste du DAEL, il écrit que celle-ci « signale (...) que la loi sur les constructions contient des dispositions relatives aux économies d’énergie qui sont devenues de véritables normes constructives. Si l’autorité intercantonale est amenée à légiférer en la matière et à adopter des normes moins sévères que les dispositions genevoises, le canton de Genève devra s’aligner sur ces normes. »

Outre le fait que cette « autorité » appelée à « légiférer » sera composée de représentants cooptés d’Exécutifs et que sa « législation » échappera à tout contrôle populaire en étant soustraite au référendum, l’aveu est clair. Il s’agit d’une machine à déréglementer, notamment en matière de normes écologiques...

Si vous cherchiez - comme antinucléaire - une bonne raison de plus pour participer à la prochaine grande manifestation anti-néolibérale, par exemple à Davos contre le World Economic Forum le 27 janvier prochain, et bien vous avez trouvé.

Le Grand Conseil quant à lui, ou du moins sa majorité, a refusé de voter le projet en question !

Pierre Vanek


Débauche de mégawatts contre-nature

Do you speak 160C ?

La controverse autour de la position du gouvernement genevois sur le projet de Loi fédérale atomique à peine calmée, nous avons dû invoquer à nouveau l’article antinucléaire de la constitution (160C) à propos de l’autorisation de construire accordée à fin octobre par le Canton à une start-up informatique musclée entreprenant d’implanter l’un de ses centres d’hébergement internet, potentiellement bien trop gourmand en électricité - à Meyrin - dans les ex-locaux de l’entreprise Filinter.

En fait, cette autorisation - octroyée à la société Digiplex dans le cadre de ce qu’elle nomme son « agressive roll-out » en Europe - et contre laquelle ont recouru officiellement les organisations comme le WWF et ContrAtom, regroupées dans la Coordination Energie, est la pointe émergente d’un iceberg. Ce sont en fait quatre ou cinq sociétés de la branche qui envisageraient des implantations du même type. La suivante - LDCOM 2 - a loué les locaux du cigarettier BAT aux Acacias, pour y créer son centre.

50% de plus...

Le feuilleton démarre cet été : des informations « incroyables », au sens strict, circulent alors à Genève sur des demandes électriques à venir, émanant d’entreprises actives à l’interface informatique/télécoms, et dont le total cumulé atteindrait environ 200 MW de puissance, de l’ordre de 50% de celle alimentant - en pointe - le Canton de Genève tout entier !

Courant juin en effet, les élu-e-s membres de la commission de l’énergie du Grand Conseil sont alertés par le responsable de l’Office cantonal de l’énergie (OCEN), sans que des chiffres ou un calendrier clairs ne soient disponibles à ce stade, sur ce développement de nature à dynamiter toutes les mesures de politique de l’énergie dans le domaine électrique.

Rappelons que l’article 160C de la Constitution genevoise prévoit en toutes lettres une politique de l’énergie fondée sur la conservation de celle-ci et le développement prioritaire des renouvelables.

...ou 10% de moins ?

La Conception générale de l’énergie votée dans ce sens par le parlement genevois3 prévoit quant à elle - notamment par l’encouragement de programmes dits de « gestion de la demande » ou DSM4 - des objectifs de baisse de la consommation électrique de 10% à l’horizon 2005 et de 20% en 2010

Début juillet notre association - qui doute encore quant à l’ampleur du phénomène - décide, à son AG annuelle, de plancher sur la question de ces « opérateurs télécoms » dont le spectre hante l’avenir énergétique du Canton et de rassembler les données pour monter au front le cas échéant.

En septembre, dans le même sens, la Commission énergie du Grand Conseil invitait - pour les entendre - des membres de la Commission cantonale de climatisation (appelée à confirmer l’interdiction constitutionnelle de la climatisation ou à accepter qu’on y déroge par exception) présidée par un délégué de l’OCEN. Cette commission était en effet appelée à examiner les projets en question, puisque chacun de ceux-ci implique une « climatisation » surpuissante pour évacuer ses rejets thermiques massifs.

Un cas ca ...tastrophique

Un cas « type » a été présenté alors pour une installation de cette nature : environ 35 MW de puissance installée pour les ordinateurs et une climatisation exigeant une puissance électrique de l’ordre de 5 MW, soit en tout 40 MW par centre.

Lors de cette première séance de travail « parlementaire » sur cet objet, les éléments d’une position minimum s’étaient - semble-t-il - dégagés, autour de l’idée d’une intervention de l’Etat cantonal, visant à garantir que les installations en question soient optimisées sur le plan énergétique, en clair que toutes les économies possibles aient été faites et que cela soit démontré, ainsi que sur l’idée qu’il faut s’assurer - en cas de consommations reconnues comme « incontournables » - que celles-ci soient fournies de source renouvelable, à trouver en principe du côté de l’hydraulique. Un suivi, sur le plan de l’information - encore d’un vague extrême à ce stade - devait être fait auprès de la commission de l’énergie avant la fin de l’année.

Or depuis lors, comme relevé dans des interpellations lors de la séance du Grand Conseil5 à mi-novembre et mis sur la place publique le 22 du même mois par notre point-presse avec la Coordination Energie tenu lors d’un de ces rassemblements où fleurissent les panneaux jaunes d’Anne-Cécile (v. photos en une), les événements se sont précipités de manière non maîtrisée. Ceci avant que la commission parlementaire s’étant saisi de l’affaire n’ait été informée ou ait pu poursuivre ses travaux.

Un verrou saute...

En effet, l’autorisation de construire à été délivrée le 23 octobre à Digiplex, s’appuyant sur un préavis favorable de la commission cantonale de climatisation, délivré hâtivement le 10 octobre, sans concertation, et surtout sans que l’installation projetée ait subi un audit énergétique indépendant et crédible, de nature à identifier des économies possibles. En clair, le « verrou » légal - et même constitutionnel - constitué par le préavis sur la climatisation a été bradé - en secret et sans contrepartie - ceci pourtant sous le « règne » d’un magistrat vert, Robert Cramer, qui n’était - comme dans le cas de la Loi fédérale sur le nucléaire - pas assez ...au courant !

Coïncidence dans l’ordre du « faites ce que je dis, pas ce que je fais... » c’est le lendemain de cette décision anti-écolo au possible d’une instance étatique - soit le 11 octobre - que le même gouvernement genevois déposait un projet de loi disposant que « l’ensemble des activités des pouvoirs publics s’inscrit dans la perspective d’un développement de la société, à Genève et dans la région, qui soit compatible avec celui de l’ensemble de la planète et qui préserve les facultés des générations futures » !

Mais en dernier recours...

L’autorisation à Digiplex a entraîné le recours « préventif » (et entraînant un effet suspensif bloquant tous les travaux à Meyrin) évoqué, qui a incité le DIAEE6 à se porter comme go-between d’une négociation qui devrait conduire à une rencontre avec les responsables de Digiplex, lors de laquelle les recourants devraient réaffirmer la triple position - polie mais ferme - formulée par ContrAtom dans notre lettre du 7 novembre à cette société (v. encart ci-contre). Faisant le travail d’autorités « absentes », ContrAtom y revendiquait :

  • l’information du public et une glasnost sur l’ensemble du projet et ses incidences énergétiques.
  • une maximisation de l’utilisation rationnelle de l’énergie dans l’installation, passant par une expertise indépendante.es garanties contractuelles pour un approvisionnement fondé sur des contrats « hydrauliques ».

Parallèlement, le Grand Conseil a été saisi du projet de budget des Services Industriels de Genève (SIG). Or cedocument contient un élément énergétiquement inquiétant : une prévision de hausse de la consommation électrique de 5.8% ! (Dont le 50% environ serait liée aux télécoms.) Le caractère problématique de ce boom n’a pas échappé aux SIG eux-mêmes, qui ont décidé en principe de lancer un service de DSM pour contribuer à y répondre dans l’esprit de la politique cantonale de l’énergie.

Un signal indispensable

Du côté « gauche/verts » du Grand Conseil, il a été décidé que le budget des SIG ne saurait être approuvé sans un signal du parlement - clair et simultané - allant dans le sens de la gestion (à la baisse !) de la demande.

Sur le plan de la mise en oeuvre concrète de la politique de l’énergie par l’Etat, ainsi que sur celui des instruments législatifs et concrets de celle-ci, ces dernières semaines ont aussi montré qu’il y avait lieu de resserrer sérieusement les boulons.

C’est dans ce sens que des député-e-s de l’ADG, du PS et des Verts ont déposé une motion (dont nous reproduisons les invites dans l’encadré à ci-contre à droite) à débattre lors de la prochaine séance utile du parlement. Ce débat s’annonce chaud, les libéraux ayant préparé le terrain lors de la sesion à fin novembre par plusieurs interpellations, dénonçant l’intervention de ContrAtom en général, soi-disant inadmissible et « contre l’économie et l’emploi », ainsi que l’action « subversive » du soussigné en particulier, qui a eu l’outrecuidance de considérer son activité au parlement, avec ContrAtom et au sein des organes des SIG, où il a été délégué par l’ADG précisément pour son pedigree antinucléaire, comme faisant partie d’un tout dont l’un des axes les plus forts est, bien entendu, l’exigence de l’application de l’art.160C de la constitution genevoise, issu du vote populaire sur une initiative intitulée, rappelons-le, l’« Energie notre affaire » !

Pierre Vanek

1 LDCOM filiale suisse de Louis Dreyfuss Communications

2 V. à ce sujet le rapport RD 319-A au mémorial du Grand Conseil genevois en passant par www.geneve.ch

3 DSM = Demand Side Management.

4 Par le soussigné et par Caroline Dallèves, verte.

5 Département de l’Intérieur, de l’Agriculture, de l’Environnement et de l’Energie présidé par R. Cramer


« D’énormes niveaux de puissance électrique... »

Le Financial Times du 30 octobre dernier annonçait que la société Digiplex (anciennement Hubco S.A.) - fondée au Luxembourg par un entrepreneur norvégien nommé Geir Ramleth, mais basée à Zurich, et dont le 60 à 70% des actions seraient aux mains de deux sociétés américaines de capital-risque (Carlyle Group et Providence Equity Partners) - venait de réussir à lever plus de 200 millions de dollars de couverture financière (notamment avec la Deutsche Bank) pour ses opérations qui comprennent la mise en place de cinq « Hôtels Internet ».

Qualifiés de Megaplexes dans le jargon de la compagnie, ces centres d’hébergement et de raccordement de services Internet pour des tiers, devaient être opérationnels à Francfort, Genève, Milan, Oslo et Munich « avant la fin de l’année ».

La compagnie affirme vouloir profiter de la conjonction en Europe entre « libéralisation » des télécoms et explosion d’Internet.

Sur le plan électrique cette société annonçait cet été un « accord stratégique » avec une la compagnie dénommée Lectrix (émanation notamment de Siemens) pour que celle-ci gère cet aspect de son activité dont Digiplex reconnaissait dans un communiqué du 30 août qu’elle nécessitait « d’énormes niveaux de puissance électrique », non seulement comme source « primaire » mais également pour assurer l’ininterruptibilité de l’approvisionnement.


Lettre de ContrAtom à Digiplex

(La lettre ci-dessous est traduite de l’original en anglais !)

Digiplex SA Stampfenbachstrasse 131 8006 ZURICH

Genève, le 7 novembre 2000

Concerne : vos plans pour une installation à Genève ( 12 rte des Moulières, Meyrin)

Messieurs,

Nous sommes une organisation écologique, reconnue d’utilité publique par l’Etat de Genève, active dans le domaine des économies d’énergie et dans le mouvement antinucléaire à Genève, au cours des vingt dernières années. Grâce à notre mouvement la population genevoise a voté un amendement à notre Constitution, l’art. 160 C, qui interdit les centrales nucléaires et exige une stricte politique de conservation de l’énergie.

Nous bénéficions d’un large soutien populaire. Sur le plan fédéral en 1990 ont été adoptés deux articles constitutionnels : l’un sur l’utilisation rationnelle de l’énergie, l’autre un moratoire sur la construction de nouvelles centrales nucléaires. Qui plus est, la nouvelle Constitution Suisse, adoptée il y a un an, pose le développement durable comme étant l’un des objectifs nationaux principaux (art. 2).

Vous comprendrez donc aisément que nous avons été préoccupés et inquiets par les nouvelles à propos de l’équipement de votre bâtiment avec une alimentation électrique de 40 MW. Une puissance ENORME, égale à 10% de la puissance maximum consommée par le canon de Genève tout entier.

En tant que citoyen-ne-s et écologistes nous ne pouvons accepter un tel projet sans qu’au moins trois conditions préliminaires ne soient satisfaites :

1. Information du public

Nous avons dû consacrer pas mal d’efforts pour simplement rassembler quelques unes des informations pertinenetes à propos de votre projet. Nous sommes arrivés à la conclusion que personne. Au divers échelons de l’Etat de Genève ou des SIG (la compagnie publique d’électricité) ne connaît ni ne comprend réellement votre projet sur le plan énergétique. Il est drôle qu’à l’époque d’Internet et à l’aube d’une ère dite de l’information la glasnost ne soit pas à l’ordre du jour.

2. Maximisation de l’utilisation rationnelle de l’énergie

Aucun gros raccordement de 40 MW ne devrait être projeté sans avoir d’abord étudié toutes les voies et moyens possibles pour réduire la puissance et la consommation d’énergie de l’installation. Nos informations sur cet aspect de votre projet sont alarmantes : votre évaluation de 1 kW par m2 nous semble excessive et dépassée. La maximisation de l’utilisation rationnelle de l’énergie pourrait se montrer hautement productive, de nature à profiter de manière significative tant à votre compagne qu’à l’environnement. Dans le but d’atteindre cet objectif commun une équipe indépendnate d’ingénieurs et d’experts devrait être mise au travail immédiatement.

3. Energie renouvelable

De plus, une compagnie moderne la vôtre devrait être en mesure de se présenter comme étant pleinement compatible avec le développement durable. L’utilisation exclusive d’énergie renouvelable, en particulier de source hydroélectrique, est l’une des conditions élémentaires pour atteindre cet objectif. C’est pourquoi des dispositions contractuelles vérifiables, garantissant que vous serez fournis, dans le long terme, avec de l’énergie électrique de source renouvelables, sont une nécessité évidente.

Nous attendons impatiemment une réponse sur les points évoqués dans cette lettre et nous serions naturellement heureux de rencontrer des représentants de votre firme pour discuter ces questions. Sincèrement vôtres, pour ContrAtom :

Raymond BEFFA (Président) Anne-Cécile REIMANN (Vice-présidente)

Copies à : Digiplex Londres et Meyrin, Gérard Fatio président et Raymond Battistella directeur général des SIG, Guy-Olivier Segond président du Conseil d’Etat, Robert Cramer président du DIAEE, Laurent Moutinot président DAEL


Digiplex dernière...

Au moment où nous bouclions ce numéro ContrAtom recevait une réponse écrite de Digiplex à notre courrier publié en page quatre.

Côté positif : L’entreprise accepte officiellement de discuter avec nous. Elle nous annonce en outre qu’elle travaille « à de profonds remaniements de son projet » dont « la taille a été réduite, ce qui limitera de manière importante la quantité d’énergie demandée ». Tant mieux !

Côté négatif : Digiplex cherche à aparemment à dégager sa responsabilité en nous écrivant que « la capacité électrique requise sera utilisée par nos locataires et non par Digiplex. » Ficelle évidemment un peu grosse, en effet c’est bien Digiplex qui demande les autorisations ad hoc pour l’installation et la climatisation et qui garantit précisément à ses « locataires » que leurs « besoins » en puissance seront satisfaits tant en quantité qu’en qualité.

En outre, Digiplex cherche à nous persuader que ses activités « n’induisent pas une consommation électrique supplémentaire » (sic !) ceci au motif que « les firmes qui s’installeront sur notre site de Meyrin réduiront d’autant la consommation de leurs anciennes implantations. »

Thèse sur la stabilité de la demande qui est évidemment en contradiction parfaite avec le développement exponentiel de l’utilisation d’Internet qui fonde d’ailleurs les pronostics optimiste de l’entreprise quant à la marche de ses affaires et qu’on retrouve notamment ...sur le site web de Digiplex. Site web auquel on nous l’entreprise nous renvoie par ailleurs pour ce qui est de la « transparence » en arguant du fait qu’il offre une « présentation complète de nos activités ». Ce qui est évidemment inexact !

Affaire à suivre...


Proposition de motion pour une gestion de la demande en matière électrique conforme aux objectifs environnementaux de la politique cantonale de l’énergie

Le GRAND CONSEIL de la République et Canton de Genève (...)

invite fermement le Conseil d’Etat :

à considérer que la mise en oeuvre effective de la politique cantonale de l’énergie est un des grands chantiers prioritaires sur lesquels il se doit de s’engager, d’engager des moyens et d’obtenir des résultats.

à poursuivre et à accentuer les efforts entrepris pour arriver à des solutions de réduction de la demande et à des garanties contractuelles à long terme quant à l’approvisionnement en énergie de source renouvelable en ce qui concerne les implantations des centres informatiques évoqués ci-dessus. à intervenir auprès des SIG pouror veiller à ce que cette entreprise de service public - qui est un acteur clé de notre politique énergétique - mette en place et rende opérationnel dans les meilleurs délais un service consacré à la gestion de la demande (DSM).

dans le même esprit, à intervenir auprès des SIG, pour que cette entreprise aille de l’avant rapidement pour être en mesure de proposer à ses client-e-s des contrats d’approvisionnement en électricité fondés sur des sources à 100% renouvelables (notamment d’origine hydroélectrique)

à soumettre à un examen critique l’ensemble du dispositif législatif cantonal et des procédures administratives touchant au domaine de l’énergie8 et à proposer rapidement au Grand Conseil toutes les mesures nécessaires pour éviter les dysfonctionnements et renforcer l’efficacité de celui-ci.

à se souvenir que l’article 160C de la Constitution est issu d’une initiative populaire approuvée par le souverain et intitulée l’« Energie, notre affaire » et à s’assurer que l’ensemble de la politique énergétique, tant au niveau de l’Etat que des SIG, se base sur une information complète au public et des comptes rendus aux citoyen-ne-s, ainsi qu’à leurs représentant-e-s à tous les niveaux.

 
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