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Articles par thèmes :
LENu
Articles par pays :
Suisse
Journal par No :
No 55, décembre 2000
Auteurs :
Anne-Cécile Reimann
No 55, décembre 2000
Publié le vendredi 28 septembre 2007

Le Conseil d’Etat genevois fait amende honorable (enfin presque)....

Vous ne savez pas la meilleure ? Genève est un canton pronucléaire ! Ça vous en bouche un coin, ça, non ? C’est pourtant bien ce que révèlent les résultats de la procédure de consultation de l’Office Fédéral de l’Energie au sujet de la nouvelle loi sur l’énergie nucléaire (LENu).

Dans le tableau récapitulatif, y’a pas à chiquer, Genève se trouve bel et bien classé dans les rangs des cantons en faveur du maintien de l’option nucléaire aux côtés de l’Association suisse pour l’énergie atomique, du Vorort, de la CEDRA, des Forces motrices bernoises exploitant Mühleberg, etc…plutôt qu’en compagnie des deux Bâles et du Tessin qui rejettent quant à eux cet aspect central de la nouvelle loi ! Nous voilà jolis !

Qui a donc bien pu nous fourrer dans un pétrin pareil ?

Notre Conseil d’Etat, pardi ! Avec le contenu de sa lettre à Berne en réponse à la procédure de consultation des autorités fédérales, lettre qui encense pratiquement le projet de loi pronucléaire, qui le trouve « nickel », mieux que nos initiatives « Sortir du nucléaire » et « Moratoire-plus », bref, faut appeler un chat un chat, une réponse franchement PRONUCLÉAIRE !

ContrAtom s’en mêle...

Vous vous souvenez qu’à ContrAtom, dès que nous avions pris connaissance de ce courrier, nous étions montés au créneau pour dénoncer le caractère pronucléaire de la démarche du Conseil d’Etat. Le 31 août 2000, nous avions convoqué un point de presse devant l’Hôtel de Ville pour rendre publique une lettre ouverte adressée au Conseil d’Etat protestant contre son attitude en la matière et lui demandant de rectifier le tir. Dans le même temps, nous remettions au Grand Conseil photocopie de la pétition (munie de vos signatures) qui avait été déposée à Berne contre le projet du Conseil Fédéral, en lui demandant de bien vouloir exiger un correctif clair du Conseil d’Etat vis à vis de Berne.

A la suite de cette démarche, nous voilà convoqués par la Commission de l’Energie du Grand Conseil pour y être auditionnés le 6 octobre. Les membres de la Commission pensaient avoir à traiter une simple pétition antinucléaire, c’est donc avec étonnement qu’ils prirent connaissance de l’histoire de « la double trahison » (celle de Moritz Leuenberger avec sa loi pronucléaire et celle du Conseil d’Etat avec sa réponse tout aussi pronucléaire).

L’effet de surprise

Le moment le plus palpitant de l’audition fut celui où nous avons sorti de notre chapeau la publication des résultats de la consultation du projet de loi de Leuenberger, classant Genève dans les « pronucs ». A ce moment précis de l’histoire, nous avons eu l’impression que Robert Cramer, présent dans l’auditoire, et ignorant jusque là les résultats de la consultation, était enfin en train de réaliser l’ampleur de la gaffe du Conseil d’Etat qu’il avait jusqu’alors cherché à défendre.

Il a pris la parole pour faire une déclaration solennelle à notre intention en se disant « bouleversé » par ce qu’on lui avait appris. Il s’est ensuite engagé à faire en sorte que le Conseil d’Etat écrive rapidement à Berne pour apporter un démenti. Ce qui fut fait, deux jours avant la séance plénière du Grand Conseil où « l’affaire », sur décision de la Commission de l’Energie, devait être débattue. Ah, la peur du gendarme !

Le 26 octobre, ContrAtom recevait donc un courrier du Conseil d’Etat avec en annexe photocopie d’une lettre rectificative à l’intention de M. Leuenberger, dans laquelle, tout en mettant la faute de cette fâcheuse affaire sur l’« interpré-tation » soi-disant tendancieuse des services fédéraux, il annonce son opposition à la construction de nouvelles centrales, sa volonté de voir leur durée d’exploitation limitée (à 40 ans, tiens !), sa désolidarisation d’avec les pronucléaires les plus avérés, etc…Il demande en outre que cette correction soit adressée à tous les destinataires de la consultation fédérale !

Déception !

Cependant, qui ne peut, ne peut, sur bien des points la réaction du gouvernement reste en deçà de nos attentes. Par exemple, le nouveau texte envoyé à Berne ne demande pas l’arrêt immédiat du retraitement et il confirme un soi-disant soutien de Genève aux possibilités d’expropriation pour de nouvelles centrales nucléaires, un comble !

Mais reprenons le cours des événements : en date du 27 octobre, l’affaire de « la double trahison » est portée devant le Grand Conseil qui approuve la pétition de ContrAtom et la renvoie au Conseil d’Etat. La Commission de l’Energie va pour sa part se ressaisir du dossier et réagir sans doute sous forme de résolution lors d’une séance ultérieure.

Tout semble apparemment baigner ! Eh bien les copains, moi je vous dis que ce n’est pas le moment de lâcher ContrAtom, on a encore un sacré pain sur la planche. Ne comptons en tout cas pas sur le Conseil d’Etat pour faire de Genève un canton de lutte anti-nucléaire. Robert Cramer l’a clairement dit l’autre soir dans l’arène du parlement, répondant à notre vaillant défenseur le député Pierre Vanek qui suggérait que pour respecter vraiment l’esprit de la constitution genevoise, il faudrait mettre en batterie « tous les moyens juridiques et politiques » propres à mener le combat difficile conduisant la Suisse vers la sortie du nucléaire.

Or, ce manque d’engagement de notre gouvernement dans la lutte antinucléaire est particulièrement dangereux dans le contexte de la libéralisation du marché de l’électricité, au moment même où le canton de Genève va être confronté à des demandes de croissance massive de la puissance électrique installée (jusqu’à +50%) liées à l’arrivée de plusieurs projets de centres d’opérateurs télécom (voir article en p. 3).

La lutte encore et toujours

Amis de la résistance au nucléaire, retroussons nos manches ! Si nous voulons faire fermer Mühleberg et les autres, il va falloir mouiller nos chemises. Je vous rappelle en passant qu’en date du 2 octobre dernier, suite aux résultats de sa procédure de consultation, le Conseil Fédéral décidait de ne pas fixer de date pour l’arrêt de nos centrales. Elles pourront donc continuer de fonctionner aussi longtemps que leur sécurité sera « assurée » (c’est à dire jusqu’à que ça pète ?). « Une fleur pour les barons de l’atome » titrait la Tribune de Genève du 3 octobre et de poursuivre : « La Suisse ne fixe pas l’arrêt de mort de ses centrales …des rééqui-pements pour les maintenir à niveau seront autorisés (si c’est pas de l’acharnement thérapeutique !)… contrairement à l’Allemagne, la Suisse ne s’achemine pas vers une sortie du nucléaire ».

Quand je pense que dans ce même journal, au mois d’octobre 1998, juste après la conférence de presse de Moritz Leuenberger annonçant par monts et par vaux la sortie prochaine du nucléaire, on pouvait lire : « L’énergie nucléaire en Suisse, c’est fini, le Conseil Fédéral a signé son arrêt de mort ! » Tu parles Charles, les belles promesses rendent les fous joyeux !

On ne le répétera jamais assez :

« Quand les gouvernants déraillent, la révolte est un devoir »

Alors on ne se perd pas de vue ! Promis ?

Anne-Cécile Reimann

 
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